Berlin planche concrètement sur une sortie accélérée du nucléaire et le développement des énergies renouvelables, notamment en favorisant la planification de parcs éoliens et la construction de lignes à haute tension, selon un document obtenu lundi par l’AFP.
Ce document, élaboré conjointement par les ministères de l’Environnement et de l’Economie, expose un « plan en six points pour un tournant de la politique énergétique ».
Après le tremblement de terre qui a touché le Japon et la catastrophe de Fukushima, « la question de l’utilisation future de l’énergie nucléaire est ré-évaluée », selon ce texte, qui confirme ce que beaucoup soupçonnent déjà en Allemagne. « Nous allons sortir plus rapidement de l’énergie nucléaire » que prévu, écrivent les auteurs du document.
Les réacteurs allemands, qui produisent environ un tiers de l’électricité du pays, devaient initialement fermer d’ici 2020 mais le gouvernement d’Angela Merkel leur avait accordé à l’automne dernier un sursis de 12 ans.
Berlin change son fusil d’épaule et veut maintenant « passer rapidement à l’âge des énergies renouvelables », selon le plan des deux ministères.
A cette fin, tout sera mis en oeuvre pour soutenir les énergies propres, en particulier l’éolien, par exemple en « écartant les obstacles administratifs à de nouveaux parc éoliens », en facilitant les processus d’approbation de remplacement des vieilles éoliennes (repowering), par un soutien financier plus intensif des projets d’éolien en mer dans les premières années, ou encore au moyen d’une loi facilitant la construction de nouvelles lignes électriques.
La banque publique KfW doit aussi lancer dès le printemps un programme de crédits accordés aux projets en mer, doté de 5 milliards d’euros.
Berlin veut également augmenter les incitations aux économies d’énergie, et doter par exemple un fonds du climat et de l’énergie, déjà créé, d’un milliard d’euros supplémentaire en 2012, selon le texte. Certains avantages fiscaux pour les gros consommateurs d’énergie, industriels par exemple, doivent être conditionnés à l’atteinte d’objectifs d’efficacité énergétique.
Ce document doit être présenté vendredi aux chefs de gouvernement des Etats régionaux allemands. D’ici début juin, Berlin veut convenir d’une ligne de conduite sur le nucléaire, qui doit être adoptée en conseil des ministres le 7 ou le 15 juin.
Entre temps, fin mai, un comité d’éthique comprenant des représentants de la vie civile, des Eglises, des scientifiques, doit rendre un avis sur la question. Il a été mis en place par le gouvernement après que la chancelière Angela Merkel a annoncé le 15 mars la fermeture abrupte des sept réacteurs les plus anciens du pays.
Cette fermeture a été décidée pour trois mois mais ces réacteurs pourraient bien ne jamais reprendre du service, dans un pays dont 60% des citoyens se disent favorables à une sortie « le plus rapidement possible » de cette technologie, selon un sondage récent. Et où la confédération des groupes énergétiques allemands (BDEW) soutient désormais un abandon de l’énergie nucléaire d’ici 2020.