Jean Veutou-Jourplus

Publié le 11 avril 2011 par Legraoully @LeGraoullyOff

Graoulliennes, Graoulliens, amical bonjour de la pointe Bretagne ! Renan Apreski, interview exclusive et tout ça.  

RENAN APRESKI : C’est ça, abrégeons. Hum… Aujourd’hui, pour revenir sur les nombreux pronostics concernant les prochaines élections présidentielles, je reçois monsieur Jean Veutou-Jourplus, président-directeur général de l’institut de sondages F.A.I.O. Bonjour, monsieur Veutou-Jourplus.  

JEAN VEUTOU-JOURPLUS : Salut.

R.A. : Alors monsieur, la question que tout le monde se pose ici, c’est de savoir comment nous avons pu en arriver à ce que Marine Le Pen soit donnée en tête d’un sondage pour un scrutin national…

J. V.-T. : Ben ça, c’était une idée de génie d’un gars de mon équipe ! Je l’ai tout de suite promu, d’ailleurs !

R.A. : Une idée de génie ? Comment ça ?  

J. V.-T. : Attends, tu crois encore qu’on fabrique les sondages en descendant dans la rue pour demander leur avis aux gens ?  

R.A. : Ben non, je suppose que vous faites ça plutôt par téléphone…

J. V.-T. : Bon, y a un truc que t’as pas compris : les sondages, c’est pas fait pour dire aux gens ce qu’ils pensent, c’est fait pour leur dire ce qu’ils doivent penser, ok ?

R.A. : Quoi ? !

J. V.-T. : Oh, épargne-moi ta gueule de choqué ! Si on disait pas aux gens ce qu’ils doivent penser, nous, les chefs d’entreprise, on se retrouverait la tête au bout d’une pique ! Si on se contentait de demander leur avis aux gens pour faire un sondage, tu peux me croire que c’est un mec d’extrême-gauche qui serait donné favori ! On va quand même pas prendre ce risque !

R.A. : Vous voulez dire que vous fabriquez les sondages de toutes pièces, uniquement pour favoriser les candidats qui vous arrangent, sans tenir aucun compte de ce que pensent vraiment les gens ?

J. V.-T. : Ah si ! Ce que pensent vraiment les gens, on en tient compte un petit peu quand même, juste assez pour qu’ils nous croient encore ! Si ça n’avait tenu qu’à moi, on aurait bien annoncé que Sarkozy était sûr d’être réélu ! Seulement, c’est vraiment pas possible, on l’a bien vu aux Cantonales ! Alors tant pis, l’UMP la tête qui sort de l’eau ? On met les pieds dessus et on bricole d’autres sondages qui donnent des espoirs aux ambitieux de la droite pour mieux laisser leur parti se bananer ! On peut plus rien en tirer, maintenant, de l’UMP ? Ben tant pis ! Quand une tête de gondole marche plus, elle fiche le camp ! Maintenant, on mise sur Strauss-Khan : à force de vous faire rentrer dans le citron que vous allez voter pour lui l’année prochaine, vous allez bien finir par le faire !

R.A. : Strauss-Kha…  

J. V.-T. : Ben ouais, là c’est pareil ! Si on demandait aux gens qui ils voudraient comme candidat de la gauche en 2012, tu peux quasiment être sûr qu’ils répondraient Aubry ou, pire, Montebourg ! On va pas se tirer une balle dans le pied ! Quitte à faire élire un socialo, autant que c’en soit qui ne nous gênera pas trop !

R.A. : Hum ! Mais vous n’avez pas répondu à ma question : comment ça se fait, que Marine Le Pen soit si bien placée ?

J. V.-T. : Ben ça, c’est notre petit plus pour consolider le bazar ! D’après toi, le Front National, il progresse tant que ça dans l’électorat ?

R.A. : Comment voulez-vous que je le sache ?   

J. V.-T. : Y a eu des élections, dernièrement, non ? Est-ce que le FN a progressé ?

R.A. : Ben non, il a fait quasiment le même score qu’aux présidentielles et il a recueilli 100 000 voix de moins qu’aux dernières cantonales ! En plus, il n’a gagné que deux cantons sur les plus de trois cents où il s’était maintenu…  

J. V.-T. : Et voilà ! Seulement, le Front National, il a un truc : il fait peur aux gens ! La peur, c’est le plus fidèle allié du capitalisme ! Si on vous dit que Le Pen risque vraiment de se qualifier pour le second tour, alors vous allez voter Sarkozy ou DSK sans en avoir envie mais pour rien que faire barrage à la facho ! Au final, nous, on se retrouve avec un président qui fera pas chier et vous, vous aurez sauvé la République, donc tout le monde sera content !

R.A. : Mais vous ne craignez pas de faire gagner le FN, avec tout ça ?   

J. V.-T. : Non, pourquoi ? T’as lu leur programme ? C’est pas ce qu’on peut appeler un programme social ! La France qui vire facho, c’est pas un truc qui nous fait peur, au contraire ; d’façon, c’est sous les dictatures qu’on se met le plus plein les poches ; mon grand’ père, sous Pétain, il avait gagné plein de tunes !

R.A. : Enfin, c’est pas très respectueux de la démocratie et, partant, des droits de l’Homme, tout ça…

J. V.-T. : Ouais bah c’est bien sympa, vos droits de l’Homme, là, mais y faut aussi penser aux choses sérieuses, non ?

R.A. : Bon, on va s’arrêter là, j’ai des nausées ! Allez, kenavo !