Magazine Côté Femmes
En revenant du boulot ce soir, je discutais dans la voiture avec une collègue originaire du Bénin, et avec laquelle j'aime parler de la France parce que venant d'une colonie, elle a une vision différente de la mienne et je trouve ça très enrichissant. Au cours d'une discussion certes un peu glauque on l'on remarquait que malgré la mauvaise pub faite par les médias aux immigrés, quand il était question de meurtre ou de viol, c'était bien plus souvent de bons franchouillards les coupables, on a dévié sur l'éducation sexuelle.
Il c'est vrai qu'en y réfléchissant, je trouve que finalement, par chez nous, à part quelques exceptions, on apprend la sexualité sur le tas, et pas toujours de la bonne manière. Il n'y a pas de traditions en France (peut-être même dans les pays voisins mais je ne m'avancerai pas) qui veut que les parents apprennent à leurs enfants ce qu'est réellement la sexualité, ce qu'on peut faire ou pas, comment faire respecter ses choix et comment ne pas les imposer.
Ma collègue me faisait remarquer que chez elle, les garçons avaient des discussions d'hommes à ce sujet avec leurs pères et leurs oncles, et pareil chez les filles.Chez nous, beaucoup de parents laissent le soin à l'éducation nationale de parler sexe à leurs enfants, je suppose par tabou.
J'avoue que c'est pas forcément le sujet le plus facile à aborder avec papa et maman devant le rôti du dimanche midi, certes. Mais sans faire de reproche à nos parents parce que c'est aussi la société qui veut ça, je trouve ça extrèmement dommage avec le recul.
Je vais peut-être sembler binaire dans ce que je vais dire, mais c'est pourtant ce que je remarque depuis que je suis ado: on apprend la sexualité avec les films pornos. Les garçons les regardent, jusque là rien d'anormal, et, n'ayant personne d'autre pour leur expliquer que dans la vraie vie, ça ne se passe pas exactement comme ça (aka non, le plaisir de l'homme ne passe pas forcément en priorité, non, les préliminaires c'est pas juste une fellation, oui, un "non" ça veut vraiment dire non et pas "je dis non mais en fait ça veut dire oui" et j'en passe).Et puis viennent les premières expériences sexuelles chez les adolescents, qui en parlent, qui partagent. Et puis des gamines trouvent normal de tailler quelques pipes dans les chiottes du lycée, pensant que ça va leur attirer les faveurs des garçons. Les garçons trouvent normal d'imposer leurs choix en priorité, puisqu'ils sont le sexe fort.
Et puis la vie continue et avec de la chance, certains tomberont sur des partenaires plus expérimentés et plus éduqués qui leur apprendront que c'est pas ça le sexe. Ceux là feront alors leur véritable apprentissage et feront passer le respect avant tout.Mais d'autres continueront dans leurs idées, et c'est comme ça que je croise aujourd'hui des filles et des garçons qui me sortent des choses totalement abhérantes sur un gros manque de partage, des soumissions à certaines pratiques non appréciées de peur de perdre l'autre, du manque de respect de manière générale. Et puis des dérives bien plus graves bien entendu, qui ne résultent pas toujours de l'éducation mais quand même. Faire une tournante parce que sur le moment on trouve ça rigolo, filmer une fille qui se fait attraper par un pote derrière un buisson et le diffuser partout....sans réaliser les conséquences, y'a quand même un moment où les adultes responsables ont un rôle à jouer.
Je me dis que si on arrivait à percer ce tabou et à expliquer sans gène comment se passent les choses, ou faire de vrais cours d'éducation sexuelle d'ailleurs (parce que concrètement expliquer comment mettre une capote ou parler des règles, faut arrèter de se foutre de la gueule du monde...), même si ça n'arrèterait pas toutes les dérives, ça éviterai à bien des gens d'être malheureux dans leur sexualité, point tellement important pourtant pour le bien-être dans un couple.
Dîtes-moi, votre sexualité, vous l'avez apprise sur le tas, ou vous avez eu la chance d'avoir un adulte qui vous a expliqué les choses en toute transparence?
xx