Sur toutes les lèvres depuis des mois, le “cloud” consiste à virtualiser ses propres données et leur utilisation. Plus besoin de les stocker en local sur son ordinateur, tablette ou smartphone, il suffit de les placer sur un serveur distant administré par une entreprise tierce et de les utiliser à partir de l’endroit où l’on se trouve, quel qu’il soit. Appliqué par Amazon, Cloud Drive permet ainsi de gérer et de profiter en streaming de sa musique, de ses photos et de ses vidéos directement à partir de l’espace alloué, avec l’assurance de ne plus jamais perdre ses données. C’est gratuit pour les 5 Go de base, et il sera aussi bien possible d’y stocker directement les mp3 achetés sur Amazon que d’y importer ses propres chansons à partir de son disque dur. Pareil pour les films. Un album digital acheté dans l’année, et le client se voit offrir alors 20 Go de capacité. Et pour chaque giga supplémentaire, il faudra débourser l’équivalent d’un dollar par an (100 giga = 100 $). Pour le moment, son utilisation passe par un player maison pour le moins rudimentaire ou une application Android. Amazon étant en froid avec Apple, il n’y a pas d’applications iOs pour iPhone ou iPad prévues pour le moment.
Aujourd’hui, fort de son expérience en matière de cloud B2B, Amazon a décidé de griller la politesse à ses concurrents, quitte à prendre de vitesse ses partenaires : les maisons de disques. Surprises, ces dernières menacent de recourir à une action en justice si Amazon ne s’assoit pas à la table des négociations. Mais le problème pour elles, c’est que ce dernier n’a aucune raison de négocier : streaming ou non, le Cloud Drive s’apparente à un disque dur externe. L’utilisateur envoyant et n’écoutant que sa musique personnelle, les licences de téléchargement couvrent en toute logique cet usage. Avec un service aussi rudimentaire, Amazon ne prend pas les risques qui ont valu des problèmes judiciaires aux sites innovants en leur temps, tels Beam It ou Mp3 Tunes. Le lecteur de musique en ligne Deezer propose lui aussi un service similaire à ses clients premium, avec la possibilité d’uploader sans limite de taille ses mp3 afin de les écouter ensuite en streaming. Google et surtout Apple, en pleines négociations avec l’industrie musicale, se contentent comme d’habitude d’observer leurs concurrents qui essuient les plâtres avant de rafler la mise avec un produit mieux pensé et plus intuitif. Pour peu qu’on croie un minimum à l’étude Cloud Dividend d’EMC, le marché de l’informatique en nuage s’annonce juteux pour tous les secteurs d’activités confondus en France : il prévoit 163 milliards d’euros de chiffre d’affaires et la création de 470 000 emplois pour 2015. La future bataille du cloud s’annonce palpitante… et acharnée.