Titre : Et en plus il est gaucher
Scénariste : Ralf König
Dessinateur : Ralf König
Parution : Septembre 2006
Ralf König a créé tout au long de sa carrière une œuvre majeure sur la communauté homosexuelle. Parvenu à la célébrité, touchant même un lectorat hétéro, il a été alors beaucoup décrié aussi bien par les homos (qui l’accusent de les caricaturer, mais aussi de trahir leurs secrets) que par les femmes (qui l’accusent de misogynie aigue). Afin de répondre aux questions que l’on peut se poser sur le personnage, il écrit « Et en plus il est gaucher ».
Dans cet ouvrage, König se dessine se faisant interviewer par un certain Bernhard Seifert. Il répond alors aux questions de l’homme, racontant aussi bien sa jeunesse que ses complexes, en passant par le milieu homo et ses fantasmes. Il paraît évident que cette BD est réservée avant tout aux adeptes de l’auteur. En effet, certains passages parlent d’autres ouvrages de König et font référence à certains personnages. De même, son obsession pour les torses velus est un grand classique de ses personnages.
Le tout est raconté sous la forme d’une interview. Les deux personnages dialoguent, lançant des flashbacks ou des histoires afin d’illustrer ses propos. La dernière histoire, pourtant indépendante, est ainsi lancée comme un film à la fin de l’interview. König parvient ainsi à éviter un côté purement narratif et autobiographique par ce procédé. De même, cela lui permet d’utiliser au mieux ses talents de dialoguistes.
Loin d’être rébarbative, cette BD est très drôle. Tout est présenté avec beaucoup d’humour et König fait preuve de l’autodérision indispensable à ce genre d’ouvrage. Il n’hésite pas à se représenter bavant devant l’image d’un torse poilu, une énorme érection sous son jean…
Le dessin est toujours très réussi, surtout avec le souci posé par l’immobilité forcée des personnages pendant l’interview. Tout se passe dans les expressions du visage, dans un noir et blanc toujours maîtrisé. L’importante quantité de textes n’est pas gênant étant donné la grande qualité de narration de l’auteur.
La dernière histoire, indépendante, mérite un petit mot. « 3 heures et demi » présente deux homos amoureux qui se retrouvent pendant trois heures et demi, souhaitant s’accoupler au plus vite. Evidemment, rien ne se passe comme prévu. Très crue, cette histoire est à mourir de rire. On est pris d’une vraie empathie avec les personnages que l’on voudrait aider à assouvir enfin leurs envies. Le tout est bien sûr rempli d’hétéros insupportables qui gênent sans cesse les deux hommes.
« Et en plus il est gaucher » est venu d’une envie de König de s’expliquer suite aux attaques et aux demandes dont il était assailli. En cela, le but est atteint, l’auteur n’hésitant pas à nous faire part de détails intimes qui explique beaucoup. Heureusement, le tout est toujours drôle et léger, rendant la lecture des plus agréables. A réserver aux fans de König.
par Belzaran
Note : 14/20