Un “homme du Président” à Paris

Par Benard


[lundi 11 avril 2011 - 10:00]

Le célèbre journaliste Bob Woodward, à l’origine de la révélation du scandale du Watergate avec son confrère Carl Bernstein, est venu à Paris parler de son dernier ouvrage intitulé Les guerres d’Obama (éditions Denoël). Ses conférences à Sciences Po et à l’hôtel Lutetia lui ont permis de s’adresser à divers publics : étudiants en journalisme, lecteurs du Magazine Littéraire qui avait organisé l’évènement au Lutetia ou simples admirateurs.

Obama et la guerre “war is never glorious”

Il a décrit un Barack Obama fin stratège politique, ayant la guerre en horreur – “war is hell”, lui confia-t-il ainsi, en juillet 2010, à la Maison Blanche-, au point qu’il avait projeté, une fois élu, que les troupes américains quittent au plus vite l’Afghanistan, avant d’être contraint de faire face aux réalités de terrain. De l’avis de Bob Woodward, il est très difficile pour les Républicains de contrer le Président sur les questions militaires car loin d’être un isolationniste, c’est un pragmatique, comme l’illustre aujourd’hui son envoi limité de troupes en Libye. Le journaliste a ajouté lors de sa conférence à Sciences Po qu’en écrivant son livre, ce n’était pas seulement connaître Obama qui l’intéressait, mais aussi obtenir sa vision du monde.

Très conscient de la menace terroriste planant sur les États-Unis depuis neuf ans, B. Obama serait par ailleurs désemparé face à ce que B. Woodward décrit comme un double jeu du Pakistan, dont l’obsession serait moins le terrorisme que la puissance de son voisin indien, ce qui fait dire au journaliste que l’intérêt du Pakistan n’est pas d’avoir un gouvernement afghan fort, afin de ne pas être pris en tenailles. Tel serait le cauchemar d’Obama, hanté par le précédent du Vietnam : le risque d’enlisement en Afghanistan, auquel il faut ajouter la très fragile opération occidentale de nation building. “Comme dans un mariage, nous dit B. Woodward, on progresse ; la réalité est fragile mais réversible”. Selon lui, même s’il faut rester optimiste, la transition démocratique dans le monde arabo-musulman sera longue et fastidieuse. Á propos de l’Irak, puis de l’Afghanistan, le général Petraeus aurait ainsi déclaré : “la situation est difficile mais pas désespérée”…

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