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Choix du jour de libraires à Charlieu et Thonon-les-Bains

Par Benard


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 La complainte du paresseux
 Sam Savage

Traducteur : Céline Leroy
Genre : Romans et nouvelles - étranger

 Actes Sud, Arles, France

Prix : 19.80 €

FISBN : 9782742796397
GENCOD : 9782742796397

Sorti le : 02/03/2011


Choix de Jean-Baptiste Hamelin de la librairie LE CARNET A SPIRALES à CHARLIEU

Andrew Wittaker est un écrivain raté, éditeur d'une revue marginale et propriétaire bailleur de logements miteux, incapable de faire rentrer le moindre loyer. Bref Andy est un loser magnifique enlisé dans ses illusions et sa solitude. Après le superbe “Firmin”, le rat dévoreur de livres, Sam Savage revient avec un ouvrage tout aussi savoureux et cocasse, écrit sous forme de lettres acerbes, cassantes, désobligeantes, de mauvaise foi, dans lesquelles on devine, tapi derrière chaque ligne, le goût amer de l'existence.
Le choix des libraires : Choix de Stéphanie Fontaine de la librairie FURET DU NORD à LILLE, France (visiter son site) - 14/03/2011

Décidemment, Sam Savage cultive l'originalité avec excellence. Après nous avoir régalé avec Firmin, ce drôle de petit rat, son deuxième roman est une succession de lettres, notes et projets d'écriture d'un seul et même homme : Andrew Whittaker. Andrew est dans la panade : sa femme vient de le quitter, son entreprise coule peu à peu (il loue des appartements) et surtout, sa revue littéraire d'avant-garde ne trouve plus les fonds nécessaires à sa publication. Il envoie un courrier abondant, à sa femme, à ses locataires indélicats, à ses amis perdus de vue, aux auteurs qu'il publie dans sa revue, etc… Au départ ses lettres sont grinçantes, parfois méchantes, mais en tout cas toujours très drôles. Peu à peu cependant, le ton change, les lettres se font plus douloureuses, plus mélancoliques et le lecteur comprend qu'Andrew s'installe peu à peu dans la folie…

Choix de Nadège Badina de la librairie BIRMANN MAJUSCULE à THONON-LES-BAINS

Rêver sa vie ou se plaindre ?Après Firmin, best seller qui narrait les aventures d'un rat dévoreur de livres au sens propre et au figuré, avec La Complainte du paresseux, Sam Savage continue d'explorer le monde littéraire, mais du côté des coulisses…
Optant pour le genre épistolaire, Sam Savage plonge dans le quotidien mélancolique et drolatique d'Andrew Whittaker, anti-héros névrosé, odieux et malgré tout attachant. Dans les années 1970, en Amérique, ce dernier essaye vainement de sauver du naufrage une minable revue littéraire, Mousse, dont il est le fondateur, le rédacteur en chef et probablement l'unique lecteur. Mais, contrairement à Madame de Sévigné qui se contentait d'un échange de lettres, Sam Savage y intercale astucieusement des listes de «choses à ne pas oublier», des annonces de locations et des ébauches de textes avortées. Il révèle ainsi d'une plume acérée une réalité américaine, celle de Nixon, où il n'est pas aisé d'accoucher l'avant-garde littéraire dans un pays englué dans ses conservatismes, tout en réglant des problèmes de plomberie, de locataires «de basse qualité» et en affrontant les médisances d'un environnement provincial petit-bourgeois. Et, bien plus que le portrait d'une époque, dans ce roman qui n'est en réalité qu'une longue logorrhée plaintive, où plane l'ombre tutélaire de Fernando Pessoa, Sam Savage livre celui d'Andy, écrivain frustré, velléitaire, cependant toujours animé d'un espoir en son rêve : écrire un dictionnaire des cris de douleurs dans toutes les langues, toutes les cultures et chez toutes les espèces. Avec humour et causticité, Sam Savage dévoile une personnalité complexe, aux prises avec des aspirations mal ajustées. Et, finalement, à travers le grand mezze des ressentiments d'un littérateur méconnu mais dans lequel beaucoup peuvent se reconnaître, il confère à Andy la gloire d'avoir écrit sa propre autobiographie. Si l'auteur revisite continuellement ses thèmes de prédilections qui sont la solitude, la déchéance, ou encore la noire ironie du sort des hommes, on retrouve avec bonheur son talent singulier pour en faire surgir le rire. En parfait chef d'orchestre, Sam Savage transforme La Complainte du paresseux en un roman certes sans pitié, mais d'une virtuose drôlerie.


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