Grosso modo, cela s'exprime en quelques affirmations qu'on peut résumer ainsi :
a : ces propriétaires ont constaté à quel point, depuis le début du millénaire, des intermédiaires ont pu réaliser des profits substantiels à partir de leurs crus.
b : dans les dernières années, ces mêmes propriétaires ont pris conscience du formidable potentiel des marchés asiatiques et indien, avec le bémol que les chinois ne sont guère intéressés aux achats "primeurs".
c : compte tenu du coût réel de production d'une bouteille (largement moins de € 30 en comptant la nourriture du chien de la concierge), il leur est facile de couvrir ces coûts en ne vendant qu'un très faible pourcentage de leur production annuelle.
d : donc ils peuvent garder en stock, sans pénalité fiscale de quelque sorte, de larges quantités des millésimes récents (d'où la construction de chais additionnels) qu'ils revendront tranquillement en prenant soin de ne pas entraîner les marchés dans une baisse néfaste à leurs intérêts.
Ce schéma serait ainsi à la source actuelle des prix passablement insensés qu'on constate sur ces 12 top names bordelais.
Il serait facile de vérifier cette théorie si les 10 plus grands négociants spécialisés en premiers crus acceptaient de nous confier l'éventuelle réduction de leur allocation annuelle. Ce ne sera pas le cas.
Pour l'amateur de base, celui qui achète pour boire, dans quelle mesure cette politique de marques assurant une valeur en réduisant l'offre, aura t'elle un effet sur ses achats ? Peut-on envisager que les prix des bons châteaux se situant dans la fourchette TTC € 20/50 suivent, dans un sens ou dans l'autre, cette tendance si particulière des premiers ?
Et quid des sociétés anglaises qui ont en stock de spéculation des quantités impressionnantes de caisses et de caisses qui n'ont pas encore trouvé leurs acheteurs finaux ?
On est sur une bombinette potentielle ou simplement au début d'une spéculation qui n'en est qu'à ses balbutiements ?
Il est clair que la prochaine sortie des nouvelles notes de Parker sur le millésime 2008 (le "8" étant un chiffre privilégié en Chine) sera étudiée à la loupe car c'est quand même lui qui a décidé pour le monde entier que ce millésime 2008 était dans le top. Confirmera t'il ses premières impressions ?
Va savoir Charles…
Mais que se passera t'il quand les chinois comprendront que le vin n'est qu'une boisson, aussi prestigieuse qu'elle puisse être, et surtout qu'une copie vulgaire du mode de vie occidentale ne doit être qu'une mode passagère, alors même qu'ils ont une civilisation datant de plusieurs millénaires qui peut parfaitement être mise en valeur bien mieux qu'en nous copiant ?