Un grand film, la traque d'un homme, peut-être un taliban, qu'on suit , souffrant avec lui, jusqu'à la fin. D'abord dans les paysages minéraux de couleur ocre clair tourmentés de canyons , de failles et survolés par un hélicoptère pour repérer le fugitif , vêtu aussi de clair. Puis ,l'emprisonnement et , au cours d'un transfert, la fuite dans la neige des forêts russes (ou polonaises) et le début d'une montée au Golgotha avec ses épreuves : un piège enfoui dans la neige et qui se referme sur son pied , les baies rouges qui lui donnent des hallucinations (la femme en bleu , les chiens , l'étoffe bleue emportée par le courant dans le ruisseau...) , ses changements de vêtements -ceux du bûcheron qu'il a tué- , la lutte incessante contre la faim (il mange des fourmis , de l'écorce...) la fatigue, l'épuisement , les blessures qui saignent et la montée des instincts animaux pour la survie (l'agression de la femme au bébé et à la bicyclette)... .Puis l'aboi d'un chien, une datcha, une femme muette (comme tout le film ) qui le lave ,l'habille , lui donne à manger -la purification avant l'ultime moment - et il part sur un cheval blanc, images magnifiques ... ..Vincent Gallo (prix d'interprétation à Venise pour ce film) est extraordinaire et la belle femme de la datcha , Emmanuelle Seigner, est le moment d'apaisement, l'embellie avant la fin...... J'en suis sortie épuisée et je suis allée me régénérer à l'exposition Odilon Redon ....