C'est un jardin clos, pas très grand et généralement abrité des regards. Il s'est constitué au fil des générations, de parcelles rapportées, si bien qu'il est souvent biscornu. Qu'importe, car ce jardin de nos grands-parents - que nombre d'entre nous ont encore en mémoire - n'est pas fait pour parader. Souvent, une allée le divise en deux, puis se perd vers des coins secrets qui font le bonheur des enfants curieux (tas de compost, cabane à outils, châssis où germent les tomates qui seront mises au potager dès que la température extérieure le permettra...). Dans ce jardin règnent des plantes de bon caractère : pas de place ici pour les capricieuses et les délicates. On y plante beaucoup de fleurs, dans un joyeux fouillis bien coloré (dahlias, cosmos, roses, pivoines...) mais aussi des légumes (salades, tomates, fines herbes...) et des fruits (groseilles, framboises, prunes, pommes...). Pas de pelouse, inutile, peu d'arbres (hormis quelques fruitiers) qui feraient trop d'ombre, mais une pergola pour prendre le frais les soirs d'été. Dans ces jardins-là, rien ne se perd : l'eau est récupérée, les mauvaises herbes finissent en terreau sur le tas de compost ; on bouture, on sème, on échange des graines et des plantules avec les voisins... Les insectes et les oiseaux y sont les bienvenus, car on sait qu'ils jouent un rôle important dans l'équilibre du jardin. On y pratique mille petits gestes écologiques avant la lettre, qui permettent de se passer des insecticides, des pesticides et autres engrais chimiques. Voilà pourquoi, aujourd'hui, ces jardins-là nous intéressent à nouveau : non seulement ils renouent avec nos émotions d'enfance, mais ils nous réconcilient avec la nature.
(présentation par l'éditeur)
"Jardins de grands-mères", de Marhilde Trébucq, Hachette, 128 pages