Stop Fessenheim - Picnic anti-nucléaire du 10 avril 2011
Voici la tribune qui "sera" publiée sur le site du monde.fr vendredi et que je co-signe avec Jean-Paul Chanteguet, député socialiste de l'Indre, Géraud Guibert, animateur du Pôle écologique du Parti socialiste, Aurélie Filipetti, député socialiste de Moselle.
La catastrophe nucléaire de Fukushima marque la fin d'une époque pour l'industrie nucléaire. Au moment où celle ci connaissait une certaine résurgence dans le monde, cette catastrophe, dont les conséquences ne sont pas encore totalement connues, va contrarier son développement. Partout, les peuples s'interrogent sur l'impact démesuré d'un accident nucléaire dont la survenue affecterait durablement un pays, une région voire l'ensemble de la planète. Le risque nucléaire n'est pas, à l'évidence, un risque comme les autres. Par son étendue et sa durabilité, il n'est pas comparable aux autres risques industriels. Il sera désormais très difficile de vendre des centrales nucléaires au moins dans les pays démocratiques, sinon au prix d'une élévation telle des normes de sécurité qu'elles rendent peu compétitive cette énergie. Restent les dictatures...
La France doit lucidement dresser ce constat. C'est douloureux pour un pays qui a fait du nucléaire un objet de fierté nationale, forgé autour d'un consensus politique fort entre la droite et la gauche à partir des années 80. Mais, c'est une nécessité si on veut préparer l'avenir et réorienter notre politique énergétique. Rien ne serait pire que de persévérer dans une voie sans issue qui isolerait la France en Europe et dans le monde.
A cela, certains répondent qu'il n'y a pas aujourd'hui de véritable alternative au nucléaire sinon les énergies fossiles. Ce sont souvent les mêmes qui depuis des années s'emploient à encourager la consommation d'électricité et à entraver le développement des énergies renouvelables.
Les alternatives existent. D'abord par la réduction de notre consommation d'énergie dont le potentiel est considérable. Ensuite, par le développement des énergies renouvelables; solaire, éolien, biomasse, qui commencent à prendre une part significative de la production énergétique dans de nombreux pays, sauf dans le nôtre qui, malheureusement, reste à la traîne. Le choix du nucléaire c'est aussi le non choix de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables.
De ce point de vue, « sortir du nucléaire » est une condition de la réorientation de nos priorités et de nos investissements. Personne, à quelques exceptions, ne considère que la sortie du nucléaire est possible dès demain, mais il serait illusoire de penser que l'inversion de notre mix énergétique se fera sans que ce cap ne soit fixé. La panne du « Grenelle de l'environnement » dans le domaine des énergies renouvelables en témoigne.
Le Parti socialiste qui aspire à exercer le pouvoir est confronté à ce choix. Son intérêt est de mener ce débat jusqu'au bout en son sein. Ne pas le faire aujourd'hui serait maintenir une ambiguïté qui fragilisera son candidat durant la campagne présidentielle. Nous l'appelons à clarifier sa position et à préparer la sortie du nucléaire
Bésitos à tous et toutes
Eric Bloggeur Socialo-Ekolo
Association Trinationale de Protection Nucléaire (ATPN)