Dans un futur apocalyptique, une expérience scientifique aboutit à la création d'êtres aux pouvoirs extraordinaires, immédiatement massacrés par des unités militaires. Seul un groupe survit. Les créatures humanoïdes décident de se venger de toute l'humanité à l'aide d'une armée de robots. Pour contrer leurs plans de destruction, le responsable de leur création accidentelle plonge le corps de son fils défunt dans la même solution liquide qui aboutit à la naissance de la race des mutants. Revenu d'entre les morts, Tetsuya Azuma est le dernier espoir de l'humanité...
Casshern (2004 ; 2h22) film japonais de Kazuaki Kiriya avec Yusuke Iseya, Kumiko Aso, Akira Terao…
Casshern est un film particulier. M’est avis qu’il ne laisse pas indifférent tant il possède une
emprunte particulière et très forte. Mais il est suffisamment riche pour multiplier les niveaux de lecture.Embourbé dans une guerre emprunte de nationalisme, le Japon poursuit sa quête expansionniste. Or, les substances déversées depuis 50 ans ont favorisées l'apparition de nouvelles maladies. Autant pour soigner ces altérations que pour remédier aux mutilations de la guerre, le gouvernement finance le projet du professeur Azuma. Celui-ci doit, à l’aide de « cellule indifférenciées », créer des membres humains. Alors que les recherches piétinent, Azuma apprend que son fils Tetsuya est mort sur le champ d’honneur. Suite à un curieux événement, le laboratoire est frappé par un rayon qui accélérera le processus de créations des membres humains jusqu’à ce que des mutants en sortent. D’abord chassés puis exterminés, les mutants/humains se rebellent. Ramené à la vie par son père grâce aux mêmes cuves dont sont sortis les mutants, Tetsuya devient Casshern, un dieu protecteur.
Derrière cette trame plus complexe qu’elle n’en a l’air, Casshern tourne autour de l’intrigue familiale entre Tetsuya et son père, l’épouse du dernier et la fiancée du premier. Les intérêts publics ne comptent pas tant que les désirs individuels. Ce sont d’ailleurs ces volontés égocentriques qui sont à l’origine de tout, jusque la guerre. Dans une société apocalyptique et clairement fascisante, le désir des puissants se répand facilement. En tout cas, lorsqu’on est un peu au fait de l’histoire nippone et du rapport que ce pays entretient avec la guerre et l’identité nationale, le film résonne étrangement.
Sous l’impulsion des gouvernants, les savants sont incités à développer des procédés biologiques s’appuyant sur des cellules humaines à l’origine trouble. Bien que nouvellement venue au monde, cette race particulière d’humains entend malgré tout faire valoir leur humanité et leur droit à la vie. Le rapport avec les génocides ethniques est plus que flagrant. Quand le chef de cette communauté pousse le raisonnement jusqu’au bout, le manichéisme se brouille totalement. Affublé d’une croix qui n’est pas sans rappeler un sinistre symbole, les mutants réclament aussi le droit de juger leurs bourreaux. S’ensuit une guerre ouverte. Comme pour renforcer la comparaison, les scientifiques seront capturés et forcés à fabriquer un certain nombre d’armes.
Tetsuya, ramené à la vie malgré lui et doté d’une « armure » dernière génération, possède la clef de l’histoire. Il est la pièce qui fait la jonction entre ces deux parties en opposition. Et la solution n’est pas très reluisante. Casshern est un film sur les attributs et les conséquences d’un nationalisme exacerbé. Pétri d’une bonne morale et valorisant le vivre ensemble, il possède à mes yeux une vraie richesse scénaristique.
Enfin, visuellement, c’est un vrai bijou. C’est peut être aussi son défaut. Le film subit un peu sa propre surenchère. La bande son n’est pas transcendante même si elle est adaptée. Casshern n'est peut-être pas "l'ultime manga-live" comme le suggère le DVD. C'est cependant un très bon film pour peu qu'on soit sensible à ce genre de traitements graphiques et scénaristiques.
Note :
Les Murmures.