In mémoriam, Nicolas Grenoville, salarié anonyme de France Télécoms, mort sur l’autel de la rentabilité…
Que celui qui n’a jamais connu ce malaise matinal qui consiste à se rendre au travail la peur au ventre et l’angoisse vrillée au cerveau me jette la première pierre… sous la forme de railleries de bon aloi dans notre société volontiers cynique, si cela lui fait tant plaisir. J’assumerai : j’assume toujours tout…
Je me souviens de cette parole malheureuse d’un responsable d’établissement qui s’est cru spirituel en glissant dans un communiqué signé de sa main, face à une situation de conflit dans l’un des services de cette structure, qu’il ne fallait point exagérer et que « nous n’étions pas à France Télécoms »… Et pourtant.
Pourtant, le médecin du travail l’avait diagnostiqué, et quantifié (plusieurs centaines de personnes) avant de s’en aller lui-aussi, face à ce climat délétère qui conduisait à ce que tant d’agents prennent des tranquillisants pour continuer à travailler, tant l’atmosphère psychologique était malsaine… et la peur sous-jaccente à tous les rapports sociaux de cette structure pourtant sociale.
D’autres plus savants nomment cela plus pudiquement des risques psycho-sociaux, qu’ils évoquent en commissions du même nom… J’en ai déjà parlé ici. Vous trouverez de quoi les combattre là.
Mais à France Télécoms, cela est allé plus loin : jusqu’au suicide.
« Le suicide en 2009 d’un salarié de France Télécom-Orange a été reconnu comme une maladie professionnelle par le comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles de Besançon, a-t-on appris dimanche auprès de la mère de la victime. » (source).
Je ne sais pas pourquoi, mais en lisant cela, j’ai considéré cette décision comme une victoire. Pour tous les autres. Et rêvé tout haut qu’elle fasse jurisprudence pour stopper net ces pervers arrogants qui conduisent nos affaires publiques. Ou pas.