Il est vrai que l’ascension du vote MLP est très significative. Comme l’est le même type de vote de défiance à l’égard de la classe politique conventionnelle partout en Europe. Il est de bon ton dans le torrent de désinformation du mainstream médiatique de discutailler du caractère « protestataire » ou « d’adhésion » du vote MLP ; à mon humble avis, le repositionnement politique du FN dans une perspective nationale, populaire, républicaine, volontiers étatiste ou Colbertiste, souverainiste, c’est-à-dire hostile à la mondialisation néo-libérale (je ne parle pas là de l’œuvre de Mill ou Constant mais de capitalisme globalisé) à rebours de la quasi-totalité du corps politique français et européen et du positionnement conventionnel du FN, incarné par son père, est un élément clef de compréhension du caractère « adhésif » des votes FN au programme politique du même parti.
La mine déconfite des vigies « citoyennes » médiatiques du genre Duhamel, Cairol ou autres pitres stipendiés depuis 40 ans par le système pour encadrer la réflexion politique et le politiquement correct m’est un baume quotidien. En passant.
Pour autant, s’il y a des raisons de penser que MLP puisse figurer au second tour des présidentielles, et pour de bonnes raisons, il est plus que probable que le second tour verra le corps politique français valider la candidature de n’importe quel candidat progressiste : si les élections présentaient un risque –même minime- de changer l’ordre des choses et de ne pas avaliser des décisions prises en amont, il y a belle lurette que le suffrage censitaire (sous une forme compatible avec le spectacle hyperdémocratique et droitdelhommiste joué quotidiennement) aurait été rétabli…Ne peuvent en effet espérer accéder à la situation d’exercer le pouvoir QUE ceux qui sont programmés pour ne point changer l’ordre des choses. Par exemple, j’imagine mal un candidat accéder au second tour des mêmes présidentielles sans avoir, au préalable, donné suffisamment de gages aux lobbys en cour (une participation au repas annuel du CRIF, par exemple).
Le spectacle fascisme/antifascisme que nous jouent les pitres liberaux-libertaires du Cercle de raison constitue le brouillage idéologique médiatique ordinaire propre à empêcher l’électeur moyen de saisir d’une part la profonde connivence de cette nouvelle classe politique, économique et médiatique, et, d’autre part, la nature des vrais enjeux.
Les vrais enjeux.
Il y a peu, j’entendais le pitre Gascio, incarnation de l’électron libéral-libertaire attalinoide ou « gauche kérozène » comme dirait Michéa, arrogant et insignifiant à la fois, dire tranquillement que la question de l’hostilité d’une partie des français à cet avenir en forme de parousie festive et métissée, de tous ceux qui se refusent à adouber toute la série des catastrophes produites par l’hubris du Capital globalisé sous couvert de « black-blanc-beur », de moralisme pour chaisière, se résoudrait d’elle-même après la disparition de ces quelques générations ayant conservé un minimum de sens critique et de common decency. Peut-être a-t-il raison. Sans doute pas.
Finalement, les gens simples finissent par se rendre compte qu’ils sont seuls.
Qu’ils ont été trahis par des « élites » politiques et des partis massivement ralliés à l’axiome de TINA (There Is No Alternative) et communiant dans la même compassion débile (sens propre) envers les clandestins afin de masquer l’abandon de toute critique sociale, de toute critique politique du monde tel qu’il va. L’impolitique compassionnelle érigé en politique.
Trahis par des syndicats simplement achetés (scandale de l’UIMM en 2009) pour jouer sans fin une fiction de lutte sociale alors même que les « négociations » sont bouclées dés le premier jour de grève.
Trahis par leurs églises communiant (pour de bon, cette fois) dans l’accueil inconditionnel de l’Autre et une islamophilie délirante.
Trahis par leurs clercs, leurs lettrés (c’est une tradition, me direz-vous), volant de palaces en festivals, d’églises occupées en squats menacés : souvenez-vous de V Cassel (un de mes acteurs préférés, en passant), maître de cérémonie du festival de Cannes en 2006 et saluant successivement les hôtes du festival en anglais, arabe, chinois et bambara, terminant son discours par : « Bienvenue à toi et à tous les tiens ! ». Souvenez-vous de JF Kahn, l’homme à la pensée tiède, pourfendeur du fascisme à petite moustache devant les caméras mais disant off quelques bonnes vérités inaudibles sur le remplacement démographique à l’œuvre dans nos pays. Souvenez-vous de ces votes NON au TCE qui devinrent des OUI massifs par le truchement d’une « représentation » qui ne représente plus rien.
Trahis en haut par leurs élites nationales et supranationales et concurrencés en bas, sur leur territoire par des communautés étrangères voire antagonistes n’hésitant plus à revendiquer des privilèges (des lois privées/ lex privata) en rupture avec la loi commune à un moment historique où il devient évident à tous que cette vision multiculturelle sinon multiethnique de la société ne mène qu’au désastre…
Chaque année, depuis le milieu des années 70 (et les lois sur le regroupement familial), dans ce pays, arrivent au minimum et légalement entre 250 000 et 300 000 étrangers, l’équivalent d’une ville comme Bordeaux. Qui peut croire que des mouvements de populations aussi massifs pourraient s’exercer sans profondes conséquences sur un temps aussi court ?
Avec en face des pitres du genre Rachi Nekkaz appellant ouvertement à la transgression de la loi et à la sécession et qui, à d’autres époques, auraient connu une fin rapide au coin d’un bois.
Obama, en mars 2009 , au mitan de la crise avait eu ces mots : « mon administration est la seule chose entre vous et les fourches ». Très bien vu de la part de Supermétis. Je me demande, vu la déliquescence de l’Etat français et des structures bureaucratiques européennes, ce qui pourra encore faire tampon entre des communautés hostiles et radicalisées ?
« Le 8 mars 2005, une manifestation lycéenne contre la loi Fillon est attaquée par un millier de jeunes venus de Seine-Saint-Denis. A un journaliste, l’un deux avoue crânement être venu « pour taper des bouffons, des petits français avec des têtes de victimes ». Un prof d’histoire-géo, militant anti-raciste et de SUD-Education, syndicat d’extrême gauche, confessera « ne pas avoir dormi pendant plusieurs jours » après le spectacle auquel il a assisté : « Des lycéens traînés par les cheveux, d’autres massacrés à coups de poings et de pieds. « C’était un jeu, commente-il. De la haine et de l’amusement. Il s’agissait d’agressions de type racial : je n’ai vu que des Noirs agresser des Blancs ». Scènes identiques, le 23 mars 2006, lors de la dispersion, sur l’esplanade des Invalides, d’une manifestation anti-CPE : deux mille jeunes des banlieues parisiennes se défoulent sur les lycéens et les étudiants. Le Monde ne peut que constater leur violence inouïe ».
Le Monde, 25/03/2006, In Jean Sévillia, Moralement correct.