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"2089 ou le temps de la grâce" de Michel de Poncins

Publié le 10 avril 2011 par Francisrichard @francisrichard

Michel de Poncins s'investit désormais dans le roman d'anticipation, comme si de se projeter dans le futur lui permettait de prolonger encore une longue vie consacrée à combattre le socialisme, sous toutes ses formes.

Après La luxure règnait sur la ville et la ville était bleue, il vient en effet de faire paraître 2089 ou le temps de la grâce aux éditions Godefroy de Bouillon ici, qui est à la fois une réflexion sur notre présent et sur notre avenir et un hymne à l'Amour sans lequel il n'est que dessèchement de la vie.

Se retrouver près de 80 ans plus tard, soit dix ans de plus que la durée d'un régime communiste soviétique, donne l'occasion à l'auteur de considérer notre époque avec un regard tour à tour amusé et incisif, et de relativiser les modes intellectuelles d'aujourd'hui.

Ainsi le réchauffement climatique et l'importance des activités humaines dans ce réchauffement apparaissent avec ce recul anticipé pour ce qu'elles étaient, deux chimères, mises clairement en évidence par la période glaciaire qui s'est ensuivie. Ces chimères avaient conduit à introduire l'adjectif ridicule de durable, "passeport incontournable pour parler de n'importe quel sujet, n'importe comment et n'importe où.

Les ressources de la planète ne se sont pas épuisées, contredisant les Cassandre :

"Les éléments dont la planète est pourvue sont sans limites. Elles ne deviennent des ressources que grâce à l'ingéniosité humaine et celle-ci aussi est sans limite. En 2080 on avait compris que pour libérer cette force la liberté était le meilleur levier."

L'auteur s'en prend à la Halde, cette entreprise totalitaire de délations des discriminations :

"Discriminer est un acte normal de l'intelligence. Savoir discriminer est même une condition nécessaire, quoique non suffisante, à la pratique habituelle de l'intelligence."

Il est vrai que "briser la pensée des gens est depuis la nuit des temps l'objectif et le moyen des dictatures"... 

L'idée de retraite a disparu, chacun étant à même de prévoir ses vieux jours. Dans les écoles de management on étudie sous le nom de "retraite à la Madoff" la défunte retraite par répartition...

L'enrichissement des chefs syndicaux a été démasqué. 

Contre l'attente des tenants de la pensée économique unique d'antan, il y a dès lors, grâce à la liberté du marché, de plus en plus de riches et de moins en moins de pauvres. Dans ces conditions il est d'autant plus incongru que des politichiens continuent de sévir, même si leur rôle est de plus en plus réduit...

Dans les années 2080 le monde a donc bien changé. Il n'est plus qu'une ville, la Ville Universelle, dont les grandes villes actuelles sont les faubourgs. Les nations, qui sont pourtant "des relais pour les hommes" ont disparu et sont devenues des districts. La liberté de l'économie, qui permet de tout résoudre, est complète, mais, au sommet règnent encore - pour combien de temps ? - les Saigneurs, héritiers des grandes organisations du mondialisme triomphant.

Les "flôts impétueux de la liberté ayant permis à chacun de se nourrir", les foules restent affamées de Vérité. La découverte providentielle des Tables de la Loi avec, tracé par le doigt de Dieu, le commandement "Tu ne voleras pas" justifie pleinement le capitalisme, s'il en était besoin :

"Le capitalisme n'était pas justifié parce qu'il réussissait mais il était justifié parce qu'il était moral."

Sur cette toile de fond se noue une idylle entre Clovis, un multimillionnaire, et une de ses modestes employées, Judith, une petite VIP, "vendeuse d'idées paranoïaques". Ce qui donne l'occasion à l'auteur de nous promener dans les faubourgs de la Ville, de Manhattan à Chambord, de Stockholm à Amsterdam, de Saïgon à Saint-Petersbourg, de Rio à Istanbul, et même de nous emmener sur la lune et dans les fonds sous-marins.

Grâce à Judith, juive sur le chemin de la conversion, grâce à sa mère Myriam, catholique qui croit en la Providence divine et grâce au pape Pierre-Paul 1er, un ancien businessman, Clovis va petit à petit trouver la foi de son baptême catholique, bien malgré lui. Le dénouement à Rome de cette histoire qui a lieu le 14 juillet 2089, date ô combien symbolique, ne surprendra pas ceux qui connaissent Michel de Poncins. Une nouvelle ère s'ouvre pour une civilisation chrétienne que d'aucuns croyaient morte et enterrée.

"L'Amour ne peut mourir, Il continue d'aimer sans limite de temps", disait si bien Marcel Van, ce prêtre rédemptoriste vietnamien, mort dans un camp de rééducation vietminh en 1959, dont la spiritualité illumine plusieurs passages de ce livre plein d'espérance, et qui est un fervent plaidoyer pour la liberté des enfants de Dieu.

Francis Richard


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