Des chercheurs allemands de l'Université Technique de Münich ont analysé pendant 6 mois les "tweets" traitant des valeurs de l'indice S&P 500 et ont ainsi déterminé que les "sentiments" qui se dégagent de ces messages permettent de prédire les évolutions des cours jusqu'à un jour à l'avance. Ces résultats les ont conduit à l'ouverture du site TweetTrader.net, qui met à la disposition de tous le suivi des tendances boursières sur Twitter.
Twitter est largement utilisé par les traders de tout poil pour partager et échanger leurs points de vue sur les marchés financiers. Or ces opinions, au niveau global (celles exprimées sur le web et ailleurs), forment les tendances qui affectent concrètement les cours des valeurs. En partant de ces constats, TweetTrader extrait les messages qui contiennent des références aux actions cotées, analyse le sentiment qu'ils expriment et agrège sous diverses formes graphiques la perception générale sur chaque titre.
La présentation de la plate-forme comme un outil de prédiction des cours me semble abusive (sans que je sois spécialiste du sujet) : entre autres défauts, elle ne peut pas prendre en compte des événements de rupture et elle pourrait également, si son utilisation était généralisée, amplifier les phénomènes de bulle financière.
Néanmoins, l'approche adoptée reste intéressante en combinant une technique d'analyse par les foules et par des experts. Dans une logique de "wisdom of crowds" ("sagesse des foules"), il ressort en effet que la moyenne des estimations d'un groupe "quelconque" (ici la "masse" des utilisateurs de Twitter) est plus correcte que celle d'un expert. Mais les mécanismes de "retweet" (rediffusion d'un message d'un autre utilisateur) propres à Twitter vont naturellement donner un poids plus important aux avis des personnes que leurs pairs estiment de plus grande valeur, car ils vont être relayés plus fréquemment. Les "experts", ainsi eux-mêmes désignés par la foule, vont donc influer les tendances moyennes vers une prédiction en principe plus juste.
Il s'agit donc d'une double application du concept de "wisdom of crowds" dont la validité n'a (à ma connaissance) pas encore été vérifiée mais qui pourrait peut-être en accroître la pertinence. En attendant la confirmation de cette hypothèse, ne pourrait-on pas imaginer d'autres applications, moins sujettes à controverse, de cette idée ?