Chronique du lundi 11 avril 2011.
Toulon a raté son pari Européen. Les joueurs de la rade n’ont pas réussi à suffisamment déstabiliser leur adversaire Catalan pour espérer remporter le ticket pour les demis. Explications…
L’absence d’un véritable choix stratégique :
Philippe St André a un problème de choix de joueurs. Un problème de riche, mais un problème tout de même. En effet, il a d’un côté son joueur le plus important, Jonny Wilkinson, dont le style est très structuré, posé, en respect de schémas de jeu de type occupation du terrain et mise sous pression de la défense adverse, et qui, de ce fait, occupe, sur le terrain, un positionnement en profondeur de manière à pouvoir prendre le temps de la vision du jeu, de l’organisation ou de l’exécution de ses coups de pied.
De l’autre côté, le manager Toulonnais possède un certain nombre de joueurs dont les qualités principales sont tournées vers le dynamisme, la vitesse d’intervention, le jeu au large et la capacité à déborder les défenses. Parmi ces joueurs se trouvent les 2 joyaux, Van Niekerk et Fernandez-Lobbe qui ont un profil similaire, rapide et à long rayon d’action, capable de créer un jeu fait d’envolées et de multiples séquences. Le problème c’est que ce jeu ne correspond pas du tout aux caractéristiques d’un demi d’ouverture du profil de Jonny Wilkinson. Du coup, l’équipe boîte, et malgré les nombreux talents, n’arrive pas à s’affirmer complètement.
Une tactique de match abandonnée trop vite :
Toulon a démarré sur les chapeaux de roues son quart de finale européen. Capable de conserver le ballon et de multiplier les temps de jeu pour faire craquer la défense Catalane. C’était certainement la stratégie donnée par Philippe St André à ses joueurs avant le match et c’était, à mon avis, la bonne tactique pour épuiser une équipe Catalane plus dense et plus lourde, qui plus est, dans des conditions caniculaires. Le problème, c’est qu’après ne pas avoir réussi à prendre à défaut les joueurs Perpignanais, les Toulonnais ont abandonné cette stratégie pour revenir à une tactique plus posée, plus anglo-saxonne.
Je comprends que la chaleur et la fatigue rapidement accumulées ont pesé dans ces choix, mais il me semble évident que le sens tactique de l’ouvreur anglais a aussi influencé son équipe. Son positionnement en retrait n’incite pas son demi de mêlée à relancer mais plutôt à jouer tactique : percussion des avants, coup de pied par-dessus,… Du coup, le Toulon qui paraît capable de mettre de la folie dans un match et de faire tourner en bourrique la défense adverse n’est pas allé au bout de ses intensions. Ainsi, Perpignan a retrouvé une certaine sérénité, pouvant mieux contrôler le ballon et surtout faire parler sa puissance. Résultat, c’est Perpignan qui est en demi…
Jonny or not Jonny, il faut choisir :
Philippe St André n’a plus le choix. Il doit choisir entre Jonny Wilkinson et une composition d’équipe uniquement axée vers le jeu. Il ne peut plus se contenter de mettre tous ses meilleurs joueurs sur le terrain. S’il choisit que son leader est Jonny Wilkinson, ce qui me semble une évidence, il doit bâtir une équipe de circonstance, autour de lui, avec un système de jeu adapté à l’ouvreur anglais. Ainsi, dans ce qui sera un jeu plus tactique et structuré autour de l’ouvreur, il a besoin de puissance au niveau des avants car les phases de combat seront plus nombreuses. C’est là où le choix le plus douloureux devra être fait : choisir entre Fernandez-Lobbe et Van Niekerk pour alourdir la 3ème ligne avec, soit Aelua, soit El Abd. Le pack Toulonnais a réalisé contre Perpignan un match admirable, mais qui n’a permis que de partiellement maîtriser le colosse Catalan. Il manquait de la puissance côté Varois et, seule la tactique de départ, si elle avait été suivie jusqu’au bout, aurait dû permettre de l’emporter.
En ce qui concerne la ligne de trois-quarts, il y a, de fait, obligation d’avoir un centre puissant, peut-être Lovobalavu. A côté de lui, Contenpomi peut être le meilleur choix, mais, à condition de le placer au centre, et non à l’ouverture. Ainsi Toulon deviendrait une équipe certainement moins spectaculaire, mais sacrément plus efficace…
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