Il s'est assis sur la rive de ses yeux
pour surveiller le cours de ses humeurs.
Guettant l'instant propice
pour glisser vers son cœur.
Il rencontra sa bouche,
entrouverte comme le calice
timide d'un jeune avril,
et posa la rosée de ses vœux.
Puis il goûta les fruits
de ses rondeurs fertiles,
agitant tout son corps
d'un frémissement farouche.
Enivré de désir,
happé par le décor,
l'étreinte de sa belle
le ravissait sans bruit.
Les choses ont bien changé sur la rive de ses
yeux,
et pour ne pas heurter le cours de ses humeurs,
maintenant le soir, il sort les poubelles,
sagement résigné et surtout sans mots dire.
© Jeaf 2011