Au Texas, non loin de la frontičre mexicaine, un mystérieux individu, transportant une bonbonne de gaz, est arręté par un shérif stagiaire. A quelques kilomčtres de lŕ, Llewelyn Moss (Josh Brolin), chassant dans le désert, tombe sur un véritable carnage : des hommes tués par balle jonchent le sol aux côtés de camionnettes abandonnées ; l’une transporte une "belle" cargaison de drogue. Moss ne tarde pas ŕ trouver une valise contenant une somme astronomique de dollars en grosses coupures…
Sérieux prétendant pour "rafler" plusieurs prestigieux Oscars, "No Country for Old Men" n’a pas été plébiscité par hasard ! Avec des comédies intelligentes et douces-amčres comme "O’Brother" (2000), "Intolérable cruauté" (2003) et "Ladykillers" (2004), on aurait presque oublié que les Frčres Coen se sont fait connaître, notamment, par l’excellent et oscarisé "Fargo" (1996) ; suivis quelques années aprčs de "The Barber : l’homme qui n’était pas lŕ", autre film (en) noir (et blanc) par excellence.
Retrouvant une solide histoire de meurtres ŕ gogo et de personnages incisifs, parfois glacials comme la Mort ou du moins patibulaires, Joel et Ethan Coen signent avec leur "No Country for Old Men" une double épopée. Tout commence par une longue course-poursuite sanglante entre une machine ŕ tuer, Anton Chigurh (Javier Bardem), et un jeune retraité du Vietnam, Llewelyn Moss (Josh Brolin), végétant sur les terres arides du Texas. Ces deux personnages atypiques sont merveilleusement interprétés par deux grands acteurs : Javier Bardem et Josh Brolin (voir ci-dessous).
Cette chevauchée (cinématographique) fantastique par-delŕ le sud profond des Etats-Unis "grignote" une bonne part du film. Certains regretteront sans doute que cette aventure ŕ couteaux tirés entre Chigurh et Moss se termine quelque peu en eau de boudin par une séquence aussi sobre que convenue. Cette pré-conclusion amputée (?) permet aux frčres Coen de rebondir sur le personnage du Shérif Bell, campé par Tommy Lee Jones.
C’est dans cette derničre partie, tirant malheureusement un peu en longueur, que le titre du film prend tout son sens… Quand le justicier des temps passés, le Shérif Bell en l’occurrence, réalise qu’il ne pourra jamais stopper la folie meurtričre qui tiraille, de jour en jour, la société actuelle. Cette remise en question de la nature humaine et de ses vices par un représentant de la Loi avait déjŕ été envisagée notamment dans le troublant "Seven" de David Fincher. En effet, en 1996, Morgan Freeman campait un inspecteur désabusé approchant de l’âge de la retraite…
Malgré cette transition abrupte entre une chasse ŕ l’homme réfléchie et haletante et une brčve vue philosophique sur l’autodestruction humaine, "No Country for Old Men" vaut largement le détour et se place d’emblée comme l’un des meilleurs films de ce début d’année. On sent dčs les premičres images la présence aux manettes de deux virtuoses de la mise en scčne et de la narration.
Les Coen se plaisent toujours autant ŕ transcender l’anodin pour en tirer une ambiance si particuličre, emprunt ŕ la fois de mystique et de réalité populaire. Tiré d’une œuvre de Cormac McCarthy, "No Country for Old Men" constitue un nouveau spectacle de haut vol ménageant des dialogues toujours aussi percutants & jamais avars en idées trépidantes. Notons également la sympathique apparition de Woody Harrelson, en assassin Cow-boy un peu trop sűr de lui (?).
Dans "No Country for Old Men", le Happy end n’est pas ŕ l’ordre du jour ; mais dans ce genre de film, la destination a souvent peu d’importance, seul le voyage pour y parvenir compte !
La bande-annonce…
Sur la piste de Javier Bardem...
Né ŕ Mayorque (Espagne) en 1969, Javier Bardem a débuté sa carričre d’acteur devant la caméra de grands noms du cinéma espagnol comme José Juan Bigas Luna, Pedro Almodovar. Des films comme "Avant la nuit" (2001), retraçant la vie de l’écrivain cubain Reinaldo Arenas, et le drame "Mar adentro" (2005) d’Alejandro Amenabar, l’ont permis d’accéder ŕ la renommée internationale. Truand dans "Collateral", Javier Bardem interprčte dans "No Country for Old Men" un des assassins les plus inquiétant - et par conséquent les plus réussis - de ces derničres années. Véritable "Terminator" increvable, Chigurh, son personnage, possčde en plus une signature bien particuličre : il ne sort jamais sans sa bonbonne de gaz munie d’un projecteur… Mortel !
Josh Brolin & Tommy Lee Jones, premičre !
Tout va pour le mieux, en ce moment, pour l’acteur californien Josh Brolin. Découvert, en 1985, dans l’extraordinaire aventure des "Goonies" de Richard Donner, Brolin a du attendre 2000 et le "Hollow Man" de Paul Verhoeven pour revenir au devant de la scčne. Suivirent "Bleu d’enfer", "Planet Terror" et "American Gangster". Les spectateurs belges retrouveront d’ailleurs, dans quelques jours, Josh Brolin dans le nouveau film de Paul Haggis, "Dans la vallée d’Elah", avec Tommy Lee Jones également ŕ l'affiche de "No Country for Old Men".