La vision 2020 a été pensé dans le cadre d’un développement régional harmonieux et complémentaire permettant à la destination Maroc de se doter de plusieurs territoires touristiques donnant ainsi aux touristes l’occasion de venir et surtout de revenir et découvrir à chaque fois une nouvelle destination avec des produits différents mais tout aussi attractifs les uns que les autres.
La destination Marrakech Atlantique, qui a l’ambition de devenir une véritable marque, a des avantages et des atouts déclarés qui font d’elle la première destination touristique du Royaume. Elle ne devrait pas être jalousée, mais enviée car sa réussite pourrait être dupliquée dans tous les territoires touristiques recelant les mêmes ingrédients.
Son offre a été qualifié de chic et authentique et ses deux qualificatifs ont tout leur sens , puisque la ville et ses alentours ont attiré et continuent d’attirer les plus grandes enseignes internationales la positionnant comme challenger sérieux face à Istanbul, Dubai, Monaco et autres sites prestigieux. La cité a vu son expansion doubler, voire tripler durant la dernière décennie démentant ainsi tous les pronostics établis lors du CP 2010.
Cette explosion de la capacité litière s’est également accompagnée d’une DMS qui s’est améliorée au fil des ans, mais qui reste au deçà des attentes du secteur malgré l’augmentation des dessertes aériennes et le nombre de compagnies régulière et low cost qui desservent la destination. Le désengagement des TO sur la destination, effet open sky oblige, a été une des raisons de la stagnation de la DMS, sans oublier le changement de consommation du Touriste qui voyage moins longtemps mais plus souvent.
Aujourd’hui la question qui se pose est : faut il continuer l’investissement hôtelier, faut il le freiner ou faut il l’arrêter ? La réponse n’est pas simple mais mérite un véritable débat régional afin de convaincre l’ensemble des acteurs du bien fondé de la décision qui sera prise dans l’intérêt de tous.
Un avis que je partage en tant que voyagiste, est qu’il ne faut surtout pas bloquer maintenant, car nous n’avons pas encore atteint la masse critique qui fera que Marrakech jouera dans la cour des grands. Ce qu’il faut, c’est orienter les investissements en fonction de la demande, demande qu’il faudra provoquer en allant vers d’autres marchés qui sont aujourd’hui embryonnaires sur notre destination : Allemagne, Italie, Benelux, Russie, Moyen Orient dans lesquels nous avons un potentiel déclaré et prêt à venir, encore faut il y mettre les moyens.
D’autre part, nous devons pérenniser l’existant en consolidant les marchés traditionnels que sont la France, l’Espagne et le Royaume unis, par une stratégie markéting en étroite collaboration avec l’ONMT et l’implication des réceptifs locaux pour palier au désengagement des TO. La ville a besoin d’animation, de parcs d’exposition, de parcs de jeux, d’évènements festifs, sportifs et culturels. On ne peut proposer que de l’hébergement.
L’arrière pays à besoin d’être réévalué tout en restant authentique : l’état des routes secondaires, des sentiers, la qualité de l’hébergement, le sanitaire etc…Réguler la circulation des 4×4 et des quads et privilégier les vélos et les ânes . Promouvoir une agriculture bio auprès des paysans et la proposer dans nos hôtels et restaurant au juste prix etc…..
Partant de ce constat, la mise en lace des ADT est à mon avis un postulat qui découle du bon sens. Cette décision de doter les régions d’un nouveau mode de gouvernance est le fruit d’un long travail en étroite collaboration avec le Ministère de l’intérieur et qui répond en premier lieu à la demande des CRT existants, dixit Le Ministre. Le tourisme transcende le découpage administratif et la mise en place des Agences de développement Touristiques permettra de pallier lorsque le Territoire Touristique se trouve sur deux, voir trois régions administratives. Ce qui n’est pas le cas pour Marrakech Tensift El Haouz, l’appellation Marrakech Atlantique sera plus facile à retenir et servira également le balnéaire.
Tout le monde s’accorde à dire, que le ventre mou du CRT, c’est son manque de moyen. Sans budget alloué, sans ressources humaines pointues, piloté à mis temps, loin du centre de décision, dépendant d’une promotion et d’un marketing national et surtout soufrant d’un temps de réaction trop lent pour les investisseurs potentiels, ce mode de pilotage est révolu et ne saurait être à la hauteur des ambitions de la Vision 2020.
La mise en place du contrat programme régional, que nous souhaitons plus ambitieux pour Marrakech Atlantique, nécessite des outils adaptés en rupture totale avec ce qui se faisait auparavant : la création de compétences régionales pour prendre les décisions qui s’imposent au moment opportun. Il ne s’agira plus d’improviser, mais d’accompagner un schéma directeur que nous aurons tous tracé et dont nous porterons tous la responsabilité. Cet esprit de performance et de suivi d’exécution impose l’efficacité, donc une équipe dédiée et à plein temps dotée d’un budget conséquent avec obligation de résultats.
L’ADT sera en fait pilotée par un directoire représentant tous les acteurs signataires du CPN et doté de toutes les compétences pour prendre les décisions qui s’imposent dans un esprit de performance, d’efficacité et de suivi d’exécution. Sur la présence et l’implication des professionnels, il n’y a à mon sens aucune ambigüité, il nous appartient de nous regrouper en rangs serrés, convaincus de notre valeur ajoutée et prêt à nous approprier cette vision que nous avons appelé de tous nos vœux. Il est sûr, qu’avec un instrument performant et des professionnels fédérés, Marrakech continuera son essor.