Cet article vient compléter la présentation générale de cette exposition marquante réalisée la semaine dernière. Voici le lien direct. Cette exposition permet en effet plusieurs angles d’approche et de lecture. Un regard sur la manière de faire une bande dessinée. Autour de la sérieRésistances (Le Lombard) de Claude Plumail et Jean-Christophe Derrien, l’exposition donne des pistes sur les étapes de réalisation d’une bande dessinée et se confronte à quelques objets comme des lettres écrites par les personnes déportées ou un micro de la BBC comme celui qu’a utilisé le Général de Gaulle lors de son allocution du 18 juin 1940 que l’album retranscrit intégralement. Voici quelques photos prises au musée. La non exposition de certains originaux sur l’un des murs s’explique par la lumière importante qui pourrait endommager les pièces accrochées. Voici une petite visite présentée par Guy Krivospissko, conservateur du MRN et professeur d’histoire détaché au MNR.
Une histoire de la Bande Dessinée. La première salle évoque combien la lecture de la bande dessinée a changé depuis les années 40. Quand la majeure partie de l’édition était réalisée en magazines périodiques et en fascicules, la tendance s’est mué progressivement en albums petit formats et en grands formats. L’exposition montre l’histoire de cette presse et de l’édition de la bande dessinée au travers de nombreuses pièces sorties des collections de la Bibliothèque municipales de Lyon et surtout la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image d’Angoulême. Elle met aussi en évidence qu’aucun héros résistant ne s’est imposé en BD. Seules quelques figures historiques comme le Général Leclerc ou plus tardivement le Général de Gaulle ont fait l’objet d’un traitement institutionnel. Les nombreuses planches exposées qu’elles soient originales ou en copie montrent l’évolution du dessin et sa mise en couleur depuis La Bête est morte (Gallimard) d’Edmond-François Calvo et Victor Dancette en 1944 et 1945 au Sursis (Dupuis) de Jean-Pierre Gibrat, Il était une fois en France (Glénat) de Fabien Nury et Sylvain Vallée ou La Résistance du sanglier (Futuropolis) de Stéphane Levallois dont vous trouverez ci-après quelques extraits.
Une évolution de la perception de la Résistance en BD. Pendant la guerre, les dessinateurs sont au service de la propagande. D’un côté Le Téméraire défend l’idéologie nazie. De l’autre, le journal clandestin Combat s’attaque à la propagande et tend à imposer le résistant comme « un jeune homme dynamique portant un brassard et arborant fièrement sa mitraillette Sten ». A la Libération, les éditeurs souffrent du défaut de papier, réduisent les formats (couleurs, tailles, pagination..) mais célèbrent la Victoire, le maquis et quelques héros. Tour de vis moralisateur, la loi du 16 juillet 1949 sur les publications à jeunesse interdit toute évocation de la violence. Le retour aux affaires du Général de Gaulle fait naître des BD, souvent des commandes, dans la lignée des images d’Epinal pour commémorer la Résistance. Mais contrairement au cinéma, le thème n’est pas saisi par les auteurs de BD. A partir des années 70, une image de la Résistance idéale commence à être remise en cause, mais globalement la BD reste un outil de transmission pédagogique. L’accélération débute dans les années 90 en même temps que les principaux témoins disparaissent. Avec Gibrat, on découvre le fonctionnement d’un petit village avec un héros réfractaire au STO. Le sujet explose depuis le début de ce millénaire et s’oriente davantage sur la résistance humanitaire qui a sauvé des gens pourchassés ou des enfants.
Une histoire de la Résistance. Ça commence par les bruits de l’époque qui sont entrés dans la mémoire collective. Ça se poursuit par la propagande de part et d’autre où on s’aperçoit par exemple qu’en affichant les « terroristes criminels », les nazis ont finalement donné un visage humain à l’Armée de l’ombre et que la Résistance réutilisait le pastiche pour donner une autre vision du discours officiel comme pour Les Aventures de Célestin Tournevis devenus Les
On retrouve cinq approches majeures de la Résistance. comme l’unité, le maquis, la lutte armée, le sauvetage ou la parole libre. Même si évidemment le propos ici est de relever plutôt le côté bande dessinée, le parcours offre bien aussi une découverte de la Résistance au cours de ces courtes années. La bande dessinée offre en revanche une représentation de son époque d’un temps ancien qu’aujourd’hui les auteurs n’ont pas vécu. Et finalement cela offre une formidable réflexion sur le travail de l’historien sur le regard posé sur une époque passée. Pour poursuivre l'exposition le livre catalogueTraits résistants - La Résistance dans la bande dessinée de 1944 à nos joursédité par Libel est un complément très utile et passionnant. Enfin, s’il est possible de ne voir que l’exposition temporaire le surcoût d’un ou deux euros ne doivent pas décourager le visiteur de découvrir l’exposition permanente. De plus, elle va être totalement refondue à partir de fin septembre avant de rouvrir en 2012. Voici un tout petit aperçu.
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Exposition temporaire Traits résistants jusqu’au 18 septembre 2011 au Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation - http://www.chrd.lyon.fr- Espace Berthelot - 14 avenue Berthelot - 69007 Lyon – ouverture du mercredi au vendredi, de 9h00 à 17h30 et le samedi et le dimanche de 9h30 à 18h00 – entrée 5,00 € (réduit : 3,00 € ; gratuit pour les moins de 26 ans) ou avec l’exposition permanente 6,00 € ((réduit : 4,00 € ; gratuit pour les moins de 18 ans)
Traits résistants - La Résistance dans la bande dessinée de 1944 à nos jours - Collectif (Xavier Aumage, Sylvain Lesage, Didier Pasamonik...) - Editions Libel - 19,00 €
Photos © Manuel F. Picaud / Auracan.com
Thème de l'affiche de l'exposition © Olivier Umecker
Extrait Vivre libre ou mourir © Olivier Grenson - Jean-Christophe Derrien / Le Lombard