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Le fond du ciel

Par A_girl_from_earth

le fond du ciel  

EL FONDO DEL CIELO

( LE FOND DU CIEL )

   traduit de l'espagnol (Argentine) par Isabelle Gugnon

Annonçons tout de suite la couleur de ce ciel que j'ai traversé en rassemblant mon courage par moments: gris, façon expérience de lecture très mitigée, un peu perdue quant à ce qu'il aurait fallu comprendre, ressentir... Disons-le clairement, il n'est pas impossible que je sois passée à côté...

LE FOND DU CIEL

On sent qu'il y a quelque chose, une touche de subtilité dans ce qui pourrait paraître au premier abord de la simplicité, mais une subtilité inatteignable (pour moi).

Par moment, c'est beau, la poésie qui sous-tend le texte donne envie de crier au génie, l'humour qui l'agrémente par petites touches est également très plaisant, mais dans l'ensemble, on ne sait tellement pas ce que l'on a entre les mains, qu'on est plus perplexe que séduit au final (enfin, encore une fois, je parle pour moi).

En fait, c'est en tentant d'exprimer ce que j'ai ressenti à la lecture de ce livre que me vient en tête ce tryptique de Miro représentant des points noirs sur fond bleu:

            

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   Bleu, 1961

J'avoue que son côté chef d'oeuvre me laisse dubitative et limite indifférente mais quand on s'en réfère aux experts: "La forme dans laquelle Miró donne de la vie à la couleur avec de petits signes et ouvre avec eux un espace infini à l'imagination, est en réalité une de ses plus grandes conquêtes." Ben ferme sa gueule (tout en restant perplexe

LE FOND DU CIEL
)!

Hé bien, mon ressenti par rapport à ce livre, pour en revenir à nos moutons, c'est très exactement ça!

Mais qu'est-ce qui m'a attirée vers ce livre au départ alors? Cette formule, qui laissait entrevoir l'originalité du contenu, et le genre d'auteur que j'allais découvrir (càd atypique, donc du tout bon pour moi, sans compter qu'il est Argentin, alors, encore plus intrigant!):

Avant tout: ceci n'est pas un roman de science-fiction.

Ceci est - a été et sera - un roman avec de la science-fiction.

Personnellement, je le vois plus comme une thèse romancée qu'un roman, plus comme une expérimentation stylistique abreuvée de références que seuls les initiés pourront saisir, du coup c'est assez spécial. Il n'y a pas vraiment d'histoire, mais des instants, avec une vague trame. Le tout est indubitablement original, l'auteur démontre un talent indéniable dans cet exercice, des réflexions intéressantes en ressortent, mais on peut se perdre dans ce flot d'enthousiasme créatif.

Et pourtant, dans la postface, qui en dit long sur le pourquoi du comment de ce livre, l'auteur mentionne Abattoir 5 de Kurt Vonnegut dont il s'est (entre autres) inspiré, un roman qui m'avait marquée très positivement (limite un coup de coeur). C'est vrai que sous cette lumière, on comprend mieux le développement et la construction de ce récit, mais en même temps ce ne sont pas exactement les mêmes émotions suscitées, ni le même impact - le vécu en moins peut-être, la spontanéité en moins certainement.

Ici, on sent que c'est travaillé, comme un hommage longuement réfléchi à ses sources d'inspiration, et je suis restée un peu froide à cet artifice. L'auteur a été grandement inspiré cela dit, et semble s'être laissé porter dans un délire nécessaire (franchement, des fois j'avais l'impression que c'était sous l'influence d'une drogue, légère

LE FOND DU CIEL
).

J'ai aimé ses instants de lucidité, ses belles trouvailles, comme:

"Nous autres, les écrivains de science-fiction, nous sommes des êtres pathétiques. Nous n'y connaissons rien en science, et encore moins en littérature."

"Maintenant que j'y pense, les livres sont peut-être des organismes extraterrestres. Des êtres qui nous enlèvent pour nous emmener dans d'autres mondes, des mondes meilleurs et bien mieux écrits que le nôtre."

J'ai également apprécié sa description de l'univers de Haruki Murakami: "(romans) qui évoquent sans l'expliquer une inexplicable étrangeté alien". C'est très exactement ça!

Un auteur qui semble vraiment très intéressant à travers l'univers qui l'inspire, ses références, ses réflexions, sa culture, mais dont je prendrai les ouvrages avec des pincettes quand même!

LE FOND DU CIEL

Repéré chez Keisha pour qui c'est un coup de coeur, le cafard cosmique confirme la grandiosité (on me comprendra) de l'oeuvre, mais notons tout de même que ce livre pourra perdre certains lecteurs encore davantage que moi, pour exemple cet internaute sur Amazon.fr.

L'auteur

Rodrigo Fresán est né en 1963 à Buenos Aires. En 1991, il publie son premier livre, L'Homme du bord extérieur, qui est aussitôt un best-seller. En 1999, il s'installe à Barcelone où il travaille comme critique littéraire et dirige une collection de romans noirs. Nourri de culture anglo-saxonne, il bâtit, avec Les Jardins de Kensington puis Mantra, une oeuvre vertigineuse, fertile en rêves et en visions, qui fait de lui un écrivain atypique, transgresseur et incontournable.


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