Supplication

Aujourd'hui dimanche chrétien, est lu lors de la liturgie, le Tehilim (Psaume) 129, hymne de supplication et de repentance.
Parmi les téhilim, quinze d'entre eux commencent par ces mots "Cantique des montées".
Le verbe "monter" est employé pour dire "Aller à Jérusalem en pèlerinage".
Cela évoque le pèlerinage pour les trois fêtes annuelles, Pessa'h (la Pâque juive), Chavouot (le don de la Torah), et la plus importante d'entre elles, Souccot (la fête des tentes).
Ces quinze psaumes, donc, accompagnaient l'ensemble du pèlerinage.
Avant même d'arriver à Jérusalem, ils évoquaient par avance le déroulement de la fête.
Le tehilim 121, "J'étais dans la joie quand je suis parti vers la maison du Seigneur... maintenant, nous voici devant tes portes, Jérusalem..." était probablement le tehilim de l'arrivée.
Le tehilim 129 est donc l'un de ces Cantiques des Montées.
Il était sans doute chanté pendant la fête de Souccot, au cours d'une cérémonie pénitentielle.
C'est pourquoi le vocabulaire de la faute et du pardon est important dans ce tehilim, "Si tu retiens les fautes, Seigneur, qui donc subsistera?"
Le pécheur qui supplie, sûr déjà d'être pardonné, c'est le peuple d'Israël qui reconnaît à la fois l'infinie tendresse de D.ieu (Hessed) et l'incapacité foncière de l'homme à répondre à l'Alliance.
Ces infidélités répétées à l'Alliance sont vécues comme une mort spirituelle, "des profondeurs, je crie vers Toi", mais ce cri s'adresse à celui dont l'Être même est le Pardon, "Près de toi est le pardon".
D.ieu est Amour et Il est Don.
Pardonner, c'est continuer à proposer une Alliance, un avenir possible, au-delà des infidélités de l'autre.
Le prophète Natan avait annoncé au roi David, après sa faute avec Bethsabée, le pardon de D.ieu avant même qu'il ait eu le temps d'exprimer la moindre parole de regret, ni le moindre aveu.
Cette idée que D.ieu pardonne toujours est l'une des affirmations majeures du Tanakh.
Jésus reprendra le même enseignement.
Dans la parabole de l'enfant prodigue, chez Luc, le père est sur le chemin à attendre son fils, ce qui prouve qu'il lui a déjà pardonné et il lui ouvre les bras avant que le fils, lui, ait ouvert la bouche.
C'est dans Son pardon que D.ieu révèle sa puissance.
Certains craignent que l'annonce de la miséricorde de D.ieu incite au laisser-aller.
Mais c'est le contraire. Une fois qu'on est vraiment convaincus de la tendresse et du pardon inconditionnel de D.ieu, on a envie d'y correspondre et d'essayer de Lui ressembler.
La certitude de la "miséricorde" de D.ieu ne mène pas à l'indifférence au péché, mais à la reconnaissance humble.
"Près de toi est le pardon pour que l'homme te craigne" est l'attitude que nous devons avoir face à D.ieu qui n'est que don et pardon.
La "crainte de Dieu" n'est pas la crainte du châtiment car D.ieu cherche à nous libérer de toute peur.
La peur n'est pas une attitude d'homme libre et D.ieu veut nous libérer totalement.
La "crainte de Dieu" est une adoration pleine d'émerveillement devant la Toute-Puissance de D.ieu qui est Amour.
"Craindre" le Seigneur, c'est L'adorer et Lui faire tellement confiance qu'on fera tout son possible pour obéir à Sa Loi dans la certitude que cette Loi n'est dictée que par son amour paternel.
Israël repentant attend son pardon "plus sûrement qu'un veilleur n'attend l'aurore", car "C'est Lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes".
Cela annonce à Israël sa libération définitive, la libération de toutes les fautes de tous les temps.
Israël attend plus encore, et parce que le peuple de l'Alliance expérimente sa faiblesse et son péché toujours renaissant, mais aussi la fidélité de D.ieu, il attend de D.ieu la réalisation définitive de ses promesses.
C'est l'aurore définitive qu'en tant que peuple juif nous attendons de siècle en siècle, cette aurore messianique pour nous et toute l'humanité.