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Côte d'Ivoire: encore une guerre colonialiste

Par Alaindependant

Comme en Libye où les forces occidentales détruisent l’armement libyen pour permettre aux rebelles d’avancer, l’ONUCI et la force française Licorne aident énormément les rebelles ivoiriens. Depuis lundi soir, ces deux forces étrangères bombardent les positions des FDS à l’aide des hélicos MI-24, créant ainsi un boulevard aux rebelles qui n’éprouvent aucune difficulté à prendre pied dans les villes. A Daloa et Bondoukou particulièrement, il a été donné de voir que des Mi-24, devant la résistance affichée des FDS, ont pris sur eux de bombarder les positions des FDS.

Ce sont ces bombardements qui ont obligé les FDS à décrocher et à laisser les rebelles faire leur rodéo. A Daloa, au cours de la journée d’hier, selon les habitants, les rebelles ont choisi comme base, le camp de l’ONUCI et ils circulent dans les véhicules appartenant aux sociétés Marlboro et la CIE. Ils paradent aussi dans les véhicules de type 4X4 de l’ONUCI et font leur ratissage avec les chars onusiens.
Les FDS ne baissent pour autant pas les bras. Elles se réorganisent pour stopper la progression de la rébellion et ensuite lancer la grande offensive de nettoyage des écuries. On notera bien que les choses se sont accélérées en 24h parce que la France, l’Union européenne et les grands chocolatiers ne veulent pas avoir à payer au gouvernement ivoirien, le droit unique de sortie (DUS), taxe prélevée sur la sortie du cacao des ports ivoiriens.

La date du 31 mars étant fixée comme date butoir par le gouvernement pour que le cacao stocké dans les entrepôts soit exporté, il fallait engager une grande offensive pour prendre à la fois les régions productrices de cacao et le port de San Pédro par lequel passe ce cacao pour son exportation. La France et l’UE verraient très mal que le cacao soit à nouveau vendu et les taxes payées au gouvernement Gbagbo alors qu’elles n’ont pas encore levé leur embargo sur les ports d’Abidjan et de San Pédro.

Par cette attaque massive et cette grosse aide apportée aux rebelles, la France et ses amies répondent à la préoccupation de la firme hong-kongaise Noble Group qui disait, le 21 mars dernier, que si d’ici le 31 mars Gbagbo a toujours la réalité du pouvoir, elle lui paierait le DUS afin d’écouler son cacao en stock. On savait bien que c’était une pression que cette firme mettait sur la coalition franco-rebelle pour dégager Gbagbo et permettre aux traders d’être libérés. L’armée qui a bien compris cette mise en garde, se réorganise depuis quelques jours pour faire échec à cette stratégie morbide. Que donc ceux qui dansent depuis hier parce qu’ils croient que les carottes sont cuites pour les manger n’aillent pas trop vite en besogne. La terre tourne autour du soleil.

La France est accusée par le camp Gbagbo et une majorité de la population ivoirienne,d’utiliser les armes pour faciliter l’installation d’Alassane Ouattara au pouvoir. Une implication sanctionnée par des représailles. Vendredi soir, la résidence de l’ambassadeur de France à Abidjan, située près de celle du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, a été la cible de tirs d’armes lourdes des forces pro-Gbagbo. C’est la deuxième fois en moins de 48 heures qu’elle fait l’objet d’une attaque, alors que l’ancienne puissance coloniale est la cible de nombreuses critiques du camp Gbagbo.

« La France mène une guerre d’agression en Côte d’Ivoire », a ainsi avancé cet après-midi Jacques Vergès, l’avocat de Laurent Gbagbo, célèbre pour ses combats anticolonialistes. Il fait ici référence aux frappes aériennes menées lundi soir puis mercredi par des hélicoptères de l’ONUCI et de la force Licorne. « Nous accusons Sarkozy d’être le principal organisateur des troubles en Côte d’Ivoire, c’est lui qui est à la manœuvre empêchant toute tentative de dialogue », a affirmé Alain Toussaint.

« On a jamais demandé à Pétain de crier « Vive De Gaulle » alors pourquoi demander à Gbagbo de reconnaître qu’il n’est pas président ? », a comparé Jacques Vergès avant de conclure : « L’opinion française à une lourde responsabilité à tenir puisque l’implication militaire est faite en son nom ».

Guylain Gustave Moké
Analyste politique/Expert aux affaires africaines
Journaliste/Wordpress Editor


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