Jean-Louis Borloo a annoncé cette semaine son départ, et celui du Parti radical, de l'UMP. Et dans le même temps, la création prochaine d'une confédération centriste, alliant les Radicaux, les Chrétien-Démocrates, les Gaulliste sociaux et quelques écologistes en déshérence. Un genre d'UDF du 21eme siècle, en quelque sorte.
Ces départs cumulés peuvent-ils remettre en question la suprématie de Nicolas Sarkozy sur la droite ? Borloo représente-t-il un danger réel ou, au contraire, se présente-t-il comme un allié objectif du Chef de l'Etat, pour 2012 ?
Ce qui vient, en premier lieu, à l'esprit, est qu'une candidature Borloo risquerait de torpiller les désirs de réélection de Nicolas Sarkozy. Divisée la Droite se retrouverait à la merci d'un bon score de la candidate du Front National, Marine Le Pen. Donnée, proche ou au-dessus des 20%, Le Pen pourrait se retrouver devant les candidats de Droite et être présente au second tour face au candidat de Gauche. Il s'agit bien du scénario catastrophe pour les sarkozystes. Ce que les commentateurs appellent un 2002 à l'envers, lorsque le candidat des Socialistes se retrouva absent du second tour et laissa sa place à Le Pen père. Ce qui obligea, dans un mouvement de détresse collective, les électeurs de Gauche à voter pour Jacques Chirac. Alors, qu'il n'y avait pas de danger certain.
Un tel scénario sonnerait, sans aucun doute, la fin de la carrière politique de Nicolas Sarkozy et constiturait, pour longtemps, une profonde fracture entre les partis de droite et du centre-droit.
Sans d'ailleurs, assurer la Gauche d'une victoire facile. Les cantonales récentes l'ont démontré, de nombreux électeurs UMP n'hésitent plus à voter FN, lorsque le candidat d'extrême-droite est confronté à un candidat de Gauche.
la deuxième possibilité qui s'offre à mon raisonnement est celle qui définirait le partage des rôles, au 1er tour.
La présence de Borloo, candidat du centre, sur des thèmes sociaux, républicains, laïcs, pour une politique de justice et d'égalité, libérerait Nicolas Sarkozy d'aller à la conquête de l'électorat modéré et lui permettrait de viser celui de l'extrême-droite, en reprenant les sujets déjà développés en 2007, la sécurité, l'immigration, la nationalité, le christianisme.
Sarkozy choisira ainsi, un seul concurent au 1er tour : Le Pen.
Laissant à Jean-Louis Borloo le soin de s'occuper des candidats de Gauche et Ecologiste.
Sarkozy ferait le pari, sans grand risque, de sa présence au second tour, après avoir gagner la primaire à Droite, en devançant le candidat du Centre, comme ce fut toujours le cas depuis 1995.
N'étant pas adversaires au 1er tour, il sera facile aux deux candidats de se réunir pour le second. Borloo apportant les voix centristes et sociales au candidat de la Droite nouvellement réunie, vainqueur de l'extrême-droite et tout auréolé par ce nouveau succés.
Un scénario qui nous assurerait de cinq années supplémentaires de sarkozysme.
Un dernier cas, qui sans être digne de la science fiction, peut se révéler concevable. Celui où la candidature Borloo, loin de soustraire beaucoup de voix au candidat Sarkozy, viendrait piétiner les plates-bandes de la Gauche, et principalement, du candidat du PS.
Il demeure possible que le candidat socialiste ne reçoive pas auprès de l'opinion l'accueil qu'il pourrait espérer après des primaires meurtrières. D'autant que le programme présenté cette semaine n'a pas de quoi déplacer les foules.
Et ce rejet du PS pourrait jouer en faveur d'un Jean-Louis Borloo, surfant sur des thèmes rassembleurs et pacificateurs, après des années de sarkozysme, qui auront mis le France au bord de l'abîme.
Ce qui, au final, peut faire s'opposer les 2 candidats de la Droite.
Selon les 3 scénarios définis ici, la présence, toujours hypothétique, de Jean-Louis Borloo, en 2012, ne représente pas forcément un élément perturbateur pour Nicolas Sarkozy. Le chef de l'UMP, qui chacun le reconnait, est bien meilleur comme candidat, que comme Chef de l'Etat, peut tirer partie de cette présence, dans un moins un cas, sinon deux.
La rupture n'est peut-être pas aussi profonde de ce que le cirque médiatique veut nous faire croire. Le Centre est et restera un supplétif de la Droite conservatrice. Sarkozy et Borloo ont, certes, des divergences. Mais, ils gouvernement ensemble depuis 10 ans et ont tous deux participer à la ruine économique et sociale du pays.
Il ne faut donc pas à la Gauche de se contenter de compter sur une division de la Droite. Son vrai adversaire, c'est toute la politique qui a conduit la France à la faillite, qui a brisé le lien social qui reliait chacun de nos concitoyennes et de nos concitoyens et menace chaque jour notre société.
Et dont Sarkozy et Borloo sont aussi responsables l'un que l'autre.