La décision prise par la BCE de relever les taux d’intérêt est motivée, selon son Président, par les récentes tensions inflationnistes. Celles-ci sont pourtant avant tout consécutives
au renchérissement des matières premières. Elles ne sont pas dues à une croissance excessive de la masse monétaire, dont le rythme reste modéré, ni à un excès de demande dans les économies
européennes, dont les taux d’utilisation des capacités de production restent bas.Dans ces conditions, le resserrement de la politique monétaire cassera la reprise sans s’attaquer aux causes
fondamentales de l’inflation, qui continuera à miner le pouvoir d’achat à l’heure où Jean-Claude Trichet considère que la pire des choses serait d’augmenter les salaires.La hausse des taux d’intérêt alourdira les charges des ménages dans les pays où, comme l’Espagne ceux-ci ont souscrit des
crédits hypothécaires à taux variable et à long terme et risque de provoquer de nouveaux défauts de paiement, funestes pour l’économie espagnole, déjà lestée par des plans
d’austérité. La rupture opérée par la BCE avec une politique de bas taux est d’autant plus dangereuse pour la croissance et
l’emploi en Europe que la BCE, outrepassant ses prérogatives, invite les Etats-membres à accélérer la mise en œuvre des politiques de « consolidation budgétaire ». La BCE inflige à
l’économie européenne une double peine : argent plus cher et austérité généralisée.Enfin, alors que la FED américaine maintient sa politique de bas taux, cette décision provoque déjà une réévaluation de
l’euro par rapport au dollar, qui va à nouveau détériorer la compétitivité des économies européennes et en particulier de l’économie française, qui vient de battre son record en matière de
déficit commercial. »Une fois de plus la BCE agit contre les intérêts des salariés européens en aggravant le chômage et en dégradant le pouvoir
d’achat.