Depuis le temps qu'on les moque sur l'absence de programme économique digne de ce nom, les caciques du Front National ont fini par en pondre un, présenté cette semaine en grande pompe par Mme Le Pen. Enfin, quand je parle de caciques, c'est juste façon de parler, parce que sur les 3 soi-disants grands économistes censés parrainer ce programme, deux n'ont pas eu le courage de l'assumer publiquement et ont préféré rester anonyme. Incompétence ? Honte ? Va savoir !
Toujours est-il que l'on a enfin des propositions à se mettre sous la dent. Quoique, propositions, c'est comment dire, peut-être un peu fort, pour ce qui pourrait s'apparenter à une immense farce, si ce n'était malheureusement sérieux. On se prend d'ailleurs à regretter que des Stéphane Guillon ou des Didier Porte n'aient plus de chroniques quotidiennes à la radio, on aurait certainement beaucoup ri.
Mais bon, puisque propositions il y a, regardons-les, ou plutôt regardons-la, parce que je vais me contenter d'une seule, la plus emblèmatique de toutes. Ce n'est quand même pas le programme du PS, lequel quoiqu'on en pense est tout de même largement plus crédible est mérite d'être examiné en profondeur (voir mes textes passés et à venir sur ce sujet).
La principale mesure économique proposée par le FN, celle sur laquelle repose toute l'ossature de la vision économique de ce parti, est simple et limpide, en apparence du moins. Il s'agit purement et simplement de sortir de l'Euro et de revenir au Franc. Ceux qui me lisent régulièrement savent que par principe, je ne suis pas forcément opposé à une sortie de l'Euro, voire carrément de l'Union Européenne, telle qu'on nous la vend aujourd'hui en tout cas. Le hic vient de la mèthode proposée par le FN.
D'après Mme Le Pen et ses économistes fantômes, le retour au Franc se ferait sur la base d'une parité 1 Euro = 1 Franc. C'est sûr que c'est mieux pour garantir le pouvoir d'achat. A cette parité, s'ajouterai une dévaluation de la nouvelle monnaie d'environ 20 %, soi-disant pour relancer l'économie. C'est très intéressant, parce que d'un coup d'un seul, la baguette de Mr Dupont en moyenne à 1 Euro, vient de prendre 20 centimes dans la tronche. Autrement dit, si on en reste au texte du FN, leur projet est donc de réduire le pouvoir d'achat d'au moins 20 %. On en connaît d'autres qui sur ce sujet y on laissé beaucoup de plumes.
Mais ce n'est pas fini, allons un peu plus loin. La France vendue par les doctes économistes "nationalistes" est certainement très belle ; mais elle ne correspondond pas au monde ouvert, où tout s'interpénètre, qui est désormais le notre. Un Franc, seul, isolé et fragile, vous pensez-bien que la proie sera trop belle pour les spéculateurs en tous genres. Franchement, qu'est-ce qui les a gênés jusqu'à maintenant ? Ce n'est certainement pas le sourire plein d'hypocrisie de Mme Le Pen qui va leur faire peur. En plus de tout cela, rappelons un fait avéré : lors du passage à l'Euro, la plupart des grandes entreprises, et notamment celles de la grande distribution, en ont profité, ni vues ni connues, pour booster les prix à la hausse. Vous pensez bien que l'occasion sera trop belle pour ces profiteurs patentés, pour ne pas céder à la tentation une seconde fois.
Enfin, je voudrai rajouter un petit détail d'ordre psychologique. Un détail certes, mais en économie, la psychologie, c'est parfois plus qu'un détail. En 2002, à l'heure de changer la monnaie, les Français ont grosso modo obtenu 1 500 Euros pour 10 000 Francs. Demain, si Mme Le Pen arrivait malencontreusement au pouvoir, 1 500 Euros vaudraient 1 500 Francs (moins de fait puisqu'elle veut dévaluer). Certes, le Franc d'hier n'avait pas la même valeur que l'hypothètique Franc de demain. Mais tout de même, 8 500 Francs de différence, ça peut peser dans les têtes.
Bref, ma conclusion sera simple : sauf si vous êtes riche, choisir ce programme là, se serait se tirer une balle dans le pied, avec assurance d'avoir la gangrène dans les heures qui suivent.
Sur le sujet :
On trouve un article bien plus complet et détaillé sur lepost.fr