Série Racines de faubourg tome 2
Guy Saint-Jean éditeur
380 pages
Résumé:
Dans le Québec en pleine révolution des années 1970, Paul-Émile, Jean, Adrien et Patrick vivent aussi des chambardements dans leurs vies de couple et familiale. Les séparations, l’exclusion, les mensonges ; les décisions qu’ils ont prises ne s’avèrent pas être les meilleures. Devenus adultes, les quatre hommes constatent que les rêves, les ambitions et les projets d’avenir qu’ils avaient échafaudés n’ont rien à voir avec la réalité. Chacun d’eux vit les bouleversements difficiles d’un monde qu’il croyait inébranlable et regarde, impuissant, le contrôle de sa vie lui glisser entre les doigts. Avec du recul, ils ne peuvent que constater l’étendue des dégâts. Est-ce qu’ils auraient pu, peut-être, faire autrement? Et même si, en vieillissant, ils tentent de s’éloigner de leurs racines, le faubourg à mélasse n’est finalement jamais bien loin.
Mon commentaire:
Racines de faubourg: le désordre est la suite du premier tome intitulé L'envol. Ce second volume commence exactement là où nous avions laissé les personnages du premier roman. On se rappellera que la fin du premier tome nous laissait en plan, avec une scène finale digne d'un téléroman. Avec Le désordre, les quatre amis d'enfance doivent faire face au capharnaüm que sont devenues leurs vies. Incapables d'être heureux et de faire les choix qui s'imposent pour avoir une vie à la hauteur de ce qu'ils espèrent, Jean, Paul-Émile, Patrick et Adrien conduisent leur destinées en espérant trouver un peu de joie au bout du parcours. Cependant, l'ombre de leur enfance dans le faubourg à mélasse et un entourage familial pour le moins déficient ne les aide pas à se départir des poids qu'ils traînent depuis des années...
Les quatre personnages créés par l'auteur sont très complexes et leurs choix de vie n'aident en rien leur quête du bonheur. Bonheur que tous recherchent, mais ces quatre amis d'enfance devenus maintenant adultes, ont le don de se mettre les pieds dans les plats et de faire des choix, tout en y tenant mordicus, qui ne correspondent pas à ce qu'ils veulent réellement. Au passage, ils écorchent leurs familles et leurs amis... En filigrane de la vie des quatre amis, on aperçoit les changements sociaux, historiques et politiques du Québec. Les mentalités évoluent, le rôle des femmes changent et la société diffère des idéaux qu'entretiennent les personnages. Si certains y trouvent leur compte, d'autres sont confrontés à leurs choix qui ne correspondent plus à ce qui les entoure.
Mon opinion sur ce second tome est sensiblement le même que pour le premier puisqu'à part une évolution des personnages, la construction des deux livres est tout à fait la même. Chaque personnage parle de l'un et de l'autre, à tour de rôle, et c'est par leurs yeux que l'on découvre un avis extérieur sur les événements auxquels chacun doit faire face dans sa propre vie. Comme pour le premier tome, je trouve ce procédé plutôt mélangeant. Je dois avouer que je n'arrive qu'à démêler les personnages qu'en milieu de roman. J'avais vécu sensiblement la même chose avec le premier tome. Cependant, je trouve que l'auteur est une fine psychologue. Elle analyse les comportements de ses personnages, leurs choix et les répercussions dans leurs vies avec beaucoup de finesse. Elle maîtrise son roman et ses personnages. Son écriture pleine de détails et de jeux de mots le démontre bien.
Le second tome de Racines de faubourg s'avère donc sensiblement similaire au premier tome quant à la forme et au fond, si ce n'est que de nouveaux événements surviennent et que les personnages évoluent. On ressent toutefois un bon travail de l'auteur sur son texte et il en résulte un roman plutôt riche tant au niveau de la psychologie des personnages que de l'analyse des situations auxquelles ils sont confrontés. En toile de fond, on retrouve un tableau du Québec en plein changement qui évolue en parallèle à l'histoire.
Un troisième tome est prévu pour bientôt, tome que je lirai avec plaisir.
Un extrait:
"Certains comprennent très tôt, dans leur vie, la signification réelle du mot «amitié», alors que d'autres ne la saisissent, malheureusement, que beaucoup plus tard. L'aspect mondain des relations que nous entretenons, au fil du temps, vient souvent brouiller les cartes, compliquer les choses en nous portant à croire qu'une solide amitié se définit par un bon nombre d'activités sociales communes jumelé à une propension à rire aux mêmes blagues et à aimer les mêmes bières. Alors, j'aime croire que les différents obstacles posés sur notre route le sont pour que nous arrivions non seulement à trouver le bon en nous, mais à le trouver chez les autres aussi; à voir en eux de manière plus claire. Comme si les épreuves cherchaient à faire le ménage à notre place, aidant à discerner les compagnons de taverne des quelques autres ayant plus de profondeurs. Et de loyauté aussi." p.208