QUESTION :
Vous tournez beaucoup. Outre les deux derniers épisodes de la saga Twilight, on vous verra en juin dans Bel Ami, de Declan Donnellan et Nick Ormerod, et prochainement dans De l’eau pour les éléphants, de Francis Lawrence. Qu’est-ce qui vous a attiré dans le rôle de Jacob Jankowski, dresseur d’animaux dans un cirque ? REPONSE DE ROBERT PATTINSON - D’abord, le livre de la jeune romancière Sara Gruen, un incroyable succès aux États-Unis, dont l’action se situe dans les années 20 au sein d’un cirque ambulant. Soudain, avec ce rôle, j’avais l’opportunité de quitter la modernité fantasmée de Twilight, de vivre parmi des animaux, de toucher au concret des choses. * * *QUESTION :
Votre profil se précise : celui d’un être solitaire, incompris et très attirant. C’est un point commun à tous vos personnages.
REPONSE DE ROBERT PATTINSON – C’est vrai. Comme si Edward, le héros de Twilight, était le fil rouge de tous ces rôles. Jacob voit les choses en noir et blanc. Quant à Edward, il distingue en permanence le bien du mal. Dans un certain sens, mes personnages sont manichéens. C’est pourquoi j’essaie de leur apporter une complexité intérieure. * * * QUESTION : Et pour Bel Ami, comment avez-vous travaillé ? Georges Duroy, le héros du roman, est plus âgé que vous. REPONSE DE ROBERT PATTINSON – Cela m’a fait hésiter. Et puis je me suis lancé parce que Maupassant est mon auteur français favori. Bel ami est un grand classique indétrônable. Avec Uma Thurman, Kristin Scott Thomas et Christina Ricci, mes camarades de jeu, nous nous sommes beaucoup amusés. J’ai concentré mon jeu sur sa grande liberté d’action. Bel Ami est un animal, c’est mon premier personnage complètement cynique et paradoxalement assez honnête. Mais il est destructeur. Il joue une sorte de jeu où personne ne respecte les règles, où tout le monde a des liaisons, un grand simulacre mondain où l’important est de feindre. Lui s’en fiche, il ne fait que ce qui lui plaît, et c’est cela précisément qui plaît aux femmes. * * * QUESTION : Des auteurs modernes ?
REPONSE DE ROBERT PATTINSON - Un peu de tout. J’ai commencé Underworld de Don DeLillo et j’ai une prédilection pour le romancier français Michel Houellebecq. Dans le Sens du Combat, il écrit cette phrase qui résonne beaucoup en moi : « Nous avons traversé fatigues et désirs sans retrouver le goût des rêves de l’enfance. » Je me sens proche des héros de Houellebecq… * * * QUESTION :
Quel est le projet qui vous tient actuellement à coeur ?
REPONSE DE ROBERT PATTINSON - Eh
bien, un matin, le téléphone a sonné et c’était David Cronenberg au
bout du fil. Il me proposait de jouer dans son prochain film, Cosmopolis.
C’était un peu comme si Hitchcock me sollicitait. Cronenberg est un
immense metteur en scène. Les bonnes nouvelles se sont ensuite
accumulées : Juliette Binoche me donnerait la réplique, et aussi ce
réalisateur-acteur français très doué, Mathieu Amalric. Cerise sur le
gâteau, il s’agit de l’adaptation d’un roman de Don DeLillo, un de mes
auteurs préférés. Le rôle est très dur, une folle journée dans la vie
d’un millionnaire dont la vie va basculer en vingt-quatre heures. Je
suis en train de le tourner, c’est vraiment excitant.
* * *
QUESTION :Que faites-vous de vos journées quand vous êtes en mode farniente ?
REPONSE DE ROBERT PATTINSON - Eh
bien, le problème, c’est que je ne connais plus le farniente. Je tourne
tout le temps. Ma vie se réduit au travail, et d’ailleurs, je n’ai plus
de chez moi. Mon chez moi, c’est l’hôtel. Évidemment, votre chambre est
faite tous les jours, il y a des avantages, mais je commence à me
sentir un peu déraciné. Je pourrais même lister les hôtels que je
préfère à travers le monde : à Rome, c’est le Bernini Bristol, un
charmant palazzo, et à Paris, Le Crillon. Dès que j’ai une heure devant
moi, je joue de la guitare mais surtout je lis, je dévore.
Interview réalisée par Elizabeth Gouslan