Pourquoi ? Parce que ce développement pose des problèmes de logements et d'infrastructures que la volonté étatiste de tout régenter et les contraintes de l'écologisme politique ont créé de toutes pièces. Car, qui a empêché la construction de logements et de routes ?
Cette peur devant la croissance démographique et économique dépasse les clivages politiques. Dans son dernier numéro L'Hebdo donne la parole à ces divers acteurs politiques frileux ici et ici.
Au sujet de l'arc lémanique, Isabelle Chevalley, présidente d'Ecologie libérale [sic], déclare :
"Il s'agit d'un espace limité dans sa géographie et ses ressources. Aujourd'hui il est presque plein et on ne peut pas repousser le lac ou le Jura."
Alors que l'Office fédéral de la statistique prévoit une hausse de la population de Genève et Vaud réunis de 21,6%, au cours des prochains 25 ans, le président des Verts libéraux vaudois, Jacques-André Haury, dit qu'il faut bien "admettre que cette croissance démographique est plus une menace qu'une promesse".
Daniel Rossellat, syndic indépendant de Nyon, fondateur du Paléo festival, déclare être "pour une croissance modérée et maîtrisée" et ne pas vouloir être "spectateur du développement".
Sandrine Salerno, maire socialiste de Genève, dit : "Nous devons envisager d'arrêter de croître."
L'interventionnisme est omniprésent dans toute cette histoire.
On a par exemple incité des entreprises étrangères à venir s'implanter et maintenant on trouve que beaucoup trop d'entre elles l'ont fait. Pourtant, citant Jean-Claude Mermoud, le conseiller d'Etat UDC, L'Hebdo souligne que "sur 42'000 emplois créés dans le canton de Vaud depuis 2005, seuls 5'300 ont été générés par la promotion économique exogène."
Après avoir empêché la construction de logements on veut maintenant "permettre aux communes d'acheter des terrains constructibles non utilisés : en clair, de forcer les propriétaires à s'en séparer s'ils ne font rien bâtir après un délai donné de cinq ans". C'est-à-dire porter atteinte ouvertement aux droits de propriété.
Au lieu de laisser faire le marché, ce sont les villes qui décident de construire : un éco-quartier de 2'000 logements va se dresser dans les hauts de Lausanne. Ce qui n'a pas l'heur de plaire au conseiller communal UDC, Philipp Stauber :
"Le fait que ce soit un éco-quartier ne me dérange pas. Ce qui me gêne, c'est qu'une nouvelle zone de verdure soit remplacée par du béton."
Jean-Claude Mermoud, cité plus haut, reste dans une logique interventionniste, à l'origine des problèmes d'adaptation à la situation :
"La promotion doit cibler la qualité plus que la quantité. Nous ne devons pas subir mais conduire le marché."
Dans son édito ici, le rédacteur en chef de L'Hebdo, Alain Jeannet, remarque avec justesse :
"La Suisse romande dispose de tous les terrains nécessaires pour construire des logements et absorber une augmentation importante de la population. Comme des moyens financiers pour développer des infrastructures de transports proches de la saturation."
Il termine ainsi son édito :
"Remettre en cause la libre circulation des personnes, refuser les entreprises étrangères qui veulent s'installer chez nous, faire la fine bouche à la perspective de nouveaux emplois, voilà un luxe qu'il serait fou de s'autoriser. La décroissance ? Une utopie suicidaire. Une glissade programmée vers les tensions sociales et la pauvreté."
Rarement en accord avec le sieur Jeannet, je ne peux cette fois qu'en approuver les propos.
Francis Richard