À l'heure actuelle, je n'ai plus de préférence pour le candidat du Parti socialiste. Moins par lâcheté que par lassitude avec le système et les pratiques du Parti, dont le but semble être avant tout de maintenir un statu quo de personnes et d'idées. Et même quand des bonnes idées s'infiltrent dans le programme, on dirait qu'elles sont devenues ternes.
C'est peut-être sur moi que le programme produit cet effet. Je l'espère.
Bref, devant la perspective de 2012, la plupart des considérations s'effacent. Le PS ne deviendra pas subitement celui dont j'ai toujours rêvé. Je m'y fais. C'est pendant les périodes un peu creuses de la vie politique, avec une opposition réduite à la simple figuration, qu'on peut se permettre de vouloir telle ou telle gauche. Maintenant, il faut essayer de gagner.
Cela ne va pas être simple. L'élection présidentielle de 2012 sera « imperdable », bien sûr, mais très facile à perdre. Les sondages voudraient que ce soit DSK le candidat le plus dangereux pour Sarkozy. Ils ont peut-être raison, après tout. Du moins, ils auraient raison si les choses se passaient normalement ; si le second tour devait être l'affrontement entre le candidat le plus fort de la droite et le candidat le plus fort de la gauche. Or, avec la menace d'un Front National qui est toujours aussi National, mais devenu plus "social", plus Socialiste… (National et Socialiste ?)… devant cette menace, la clé du jeu risque d'être la capacité des ténors d'éviter le fractionnement dans leurs camps. C'est dans cette perspective qu'une candidature de Dominique Strauss-Kahn me semble risquée, car elle aurait sans doute tendance à en encourager d'autres dans le camp de gauche. Il sera difficile pour le Front de Gauche de ralier DSK ; quant à EELV, il faudrait savoir un peu plus sur la crédibilité écologique de Strauss-Kahn, qui, à priori, semble un peu trop dans la lignée du socialisme ami des grandes entreprises, du nucléaire, etc.
Je n'ai pas de certitude là-dessus. C'est juste une inquiétude. Les choses vont devenir plus clairs petit à petit. Ou pas. Mais au-delà de ces interrogations, il y a une chose qui me semble essentielle, dans une perspective DSKïste : s'il veut vraiment être Président de la R., il faut qu'il quitte le FMI, et le plus tôt serait le mieux (pour lui). Traîner des pieds, donner l'impression d'attendre la dernière minute pour se jeter à l'eau, cela pourrait devenir son talon d'Achille. D'abord, il y aurait un très fort risque qu'il soit mal préparé à l'élection. La France parâit sans doute comme un tout petit pays vue des hauteurs du FMI, mais une élection est très dure. Et ensuite, il serait très facile, pour le candidat de la droite, de reprocher à DSK son manque d'engagement.