Mini résumé :
Gino, mariée à la ténébreuse Simone et père de deux enfants en pleine crise d’adolescence, est le propriétaire d’une minable pizzéria à Bruxelles. Il a quitté le Sud de l’Italie, il y a trente ans, seul survivant du massacre de sa famille par une bande rivale du clan mafieux dirigé par son oncle Giovanni. Il apprend bientôt la mort prochaine de cet oncle puissant qui a promis de lui laisser un quart de ses biens.Pour cela, il faut que Gino puisse confirmer qu’il est devenu à son tour un implacable Capo, contrôlant toutes les pizzérias bruxelloises. Il engage un cinéaste ratée, D.T. Stern, pour réaliser un film racontant cette imposture. Bientôt, le tournage du documentaire ne se passe pas tout à fait comme prévu et c’est la panique. Mini CritiqueEvidemment, le toast de Gino était accrocheur : « Je lève mon verre au cinéma ! », annonçant une succession de saveurs et d’émotions : banquet dans le jardin d’une villa wallonne, vin capiteux en carafe tressé, spaghettis un peu collantes et pizzas calzone à volonté.Mais, et après ? Samuel Benchetrit – qui incarne D.T. Stern dont l’acronyme DTS signifie Digital Theater System ou le système sonore sur six canaux développé par Spielberg – brouille et embrouille les pistes … Ici, on frise la cacophonie…Le film dans le film – ce faux documentaire bout de ficelle sur un Corléone en goguette du côté de la Gare du Midi – cumule les références à outrance : Rashomon, Docteur Jivago, Festen, Love Story, L’ultime Razzia, et le Parrain, bien sûr, où la tête peluche d’un chaton ensanglanté vient remplacer celle du pur-sang glissé dans le lit de l’imprésario récalcitrant.L’intention est louable. Ce troisième film se veut un hommage sincère et foutraque au cinéma sous tous ces aspects. Un peu kaléidoscopique. Et revoilà Yasujiro Ozu, Howard Hawks et son Scarface, Joseph L. Mankiewicz et Soudain l’été dernier… Une séquence en noir et blanc qui nous rappelle le cinéma néo-réaliste italien, un coup de caméra vers la plage de Fellini dans Dolce Vita sur un air de Nino Rotta – avec José Garcia qui incarne Gino Roma « ville ouverte » ou Fellini Roma ? – des plans complaisants vers les baraquements improbables et fragiles tirés de la Terre vue de la Lune de Pier Paolo Pasolini ou des bidonvilles romains d’Affreux Sales et Méchants Ettore Scola où Ben Gazzara traine sa carcasse de Grand comédien interprétant à 80 ans l’oncle Giovanni, l’oncle déchu… Stop ! On rembobine…
En clip de fin, José lance au spectateur désorienté « je verrai ton film parce que j’adore le cinéma ». Son conseil était sans appel : « Si cela ne va pas, faites un film ». Sans doute pas à n’importe quel prix. Chez Gino, produit en 2008, aura mis presque trois ans à sortir sur nos écrans.
Arthur A.