Dès 8h du matin le soleil incendie mon appartement, les arbres rhabillés me masquent les toits et immeubles au loin, le printemps est là, de bien belle manière. Plantées récemment, les pensées jaunes et noires sont une vague de velours dans mes jardinières.
Exalté par ce parfum de renouveau qui flotte dans l’air, j’ai littéralement été poussé par une force invisible à remettre à neuf ma loggia. Carrelage lavé à l’huile de lin, vitres de la porte-fenêtre nettoyées et séchées, même le yucca devenu épouvantail avec les années n’a pas résisté à ma furia, débité en tranches dans la poubelle ; j’ai ensuite remis en place le fauteuil astiqué, destiné à accueillir mon auguste postérieur.
Le décor parfaitement dressé n’attendait plus que moi. J’ai baissé l’auvent pour me garder à l’ombre, près du fauteuil sur un tabouret bas j’ai posé mon mug de café et je me suis plongé avec gourmandise dans la lecture du journal. Les pies dans l’arbre voisin et les bourdons en reconnaissance dans mes balconnières me tiennent compagnie.
Les doigts de pieds en éventail, un court instant j’ai pensé à vous, vous qui trimez dans vos bureaux ou ailleurs pour payer ma retraite !