Suite et fin ..
Voici le troisième volet de mes lectures croisées, sur trois sociétés arabes.
Avec un regard sur la société saoudienne, quelque plaisir intellectuel que de passer de la vie des citadins du Caire à celui des paysans d’un village de l’Egypte profonde, racontée par Yahya HAQQUI.
Dans son roman, REVEILLE-TOI, édité en 2003 dans sa version française par Sindbad-Actes Sud, l’auteur nous guide au milieu de personnages typiques de la société rurale de cette Egypte que nous ne connaissons que par les films tel que LA TERRE de Youssef Chahine ou LE PECHE de Hassan BARAKAT.
Nous y croisons quelques spécimens particulièrement réussis comme le boucher et ses problèmes sentimentaux, le tavernier et ses clients en quête d’écoute, le cocher et la déchéance de sa situation.
Nous assistons à la transformation d’un village et de la vie de ses habitants du fait du changement de son maire et du passage d’une ligne de chemin de fer.
L’auteur aborde aussi le problème du pouvoir et de la relation de la population avec le détenteur du pouvoir. Ainsi on trouve dans la bouche d’un personnage, jeune homme dépolitisé, cette phrase prémonitoire qui aurait pu être prononcée par n’importe quel jeune de n’importe quel pays arabe, en ce printemps arabe actuel:
« Nous avons d’un coté un gouvernement tant qu’il peut à son pouvoir, de l’autre une bande de chômeurs angoissés qui ne s’aperçoivent même pas qu’ils sont le jouet de politiciens véreux ».
La construction narrative de « REVEILLE-TOI », assez particulière, en rend la lecture très agréable car elle nous libère des contraintes du récit linéaire traditionnel.
Donc, en fin de compte une belle semaine de lecture : trois auteurs, trois romans, trois sociétés ! Un seul regret déjà formulé : ne pas disposer des textes originaux en arabe, ce qui aurait rendu la lecture encore plus agréable.
Bonne lecture, si vous avez l’occasion de tomber sur ces ouvrages.