Article de Cédric Bélanger, Agence QMI, Canoe.ca, le 08-04-2011
Tourné avant la sortie, à l’hiver 2010, de l’album Les chemins de verre, le tournage de ce documentaire, qui prend l’affiche cette semaine, est un projet qui s’est présenté «tout naturellement», selon le cinéaste...
Nathanaël Le Scouarnec a connu Karkwa, il y a quelques années, par le biais du tournage de ses Concerts à emporter, auxquels ont aussi pris part Arcade Fire, Beirut et autres The National.
Lorsque le groupe s’est retrouvé dans les studios La Frette pour jeter les bases de l’album qui allait leur valoir notamment le prix Polaris, Le Scouarnec a eu accès aux maquettes des nouvelles chansons.
« Il y avait des choses qui m’ont beaucoup plu, dont la chanson 28 jours. Très vite, on en parlait, on échangeait avec François (Lafontaine) sur des influences, comme David Bowie, qui plaisent à tous. Il y a pas mal de chansons qu’on avait envie de couvrir et nous en avons découvert certaines en faisant le film.»
Constitué de captations de concerts, de clips et de sessions acoustiques, le film a été tourné au Québec. Les premières images, en noir et blanc, nous transportent dans les coulisses du Théâtre Petit Champlain, à Québec, et nous montrent les musiciens en train de bûcher sur les accords et les paroles de la pièce Le pyromane tout juste avant de la jouer pour la première fois sur scène.
PRISE DE RISQUE
«C’est l’une des nouvelles chansons avec laquelle ils hésitaient le plus, mais ils tenaient quand même à la jouer sur scène. Je trouvais qu’il y avait une vraie prise de risque; donc, on voulait commencer le film en noir et blanc puis ajouter de la couleur au fur et à mesure que la chanson naissait sur scène et que le pari était réussi», dit Le Scouarnec, qui vante l’esprit aventurier du groupe.
«Ils nous ont fait confiance. Ils font des choses assez risquées. Aller finir le concert dehors à -20 degrés les pieds dans la neige, il y a pas mal de groupes qui trouveraient ça dangereux, glacial. Eux étaient toujours partants pour tenter des choses, comme la séquence enregistrée dans une église de Montréal qu’on a fait sur un coup de tête. Ils se sont livrés avec l’orgue en se disant : tentons tout ce qu’on peut.»
RÊVERIE ET IMAGINAIRELe cinéaste apprécie le côté poétique de la musique de Karkwa, qui lui permet de sombrer dans la rêverie, l’imaginaire, au moment de la mettre en images.
«C’est marrant parce que, dans le traitement, il y a des chansons sur lesquelles je me suis beaucoup appuyé sur les textes, la musique. J’étais très proche de l’intention du groupe, à mon avis. Sur d’autres, je n’avais entendu que la maquette, sans les textes. J’ai donc pu m’éloigner de l’esprit de la chanson pour trouver un autre chemin. Je pense au clip de Les chemins de verre, que j’ai écrit sans avoir les textes. J’ai pu aller dans une autre direction», note le réalisateur, qui s’est découvert une passion pour le rock francophone au contact de Karkwa.
«Avant de les rencontrer, j’avais un a priori assez négatif sur le rock francophone. Grâce à Karkwa, j’ai découvert que je pouvais aimer cette musique et que ça pouvait me créer des sensations différentes du rock anglo-saxon. Le français est ma langue maternelle et ça résonne beaucoup plus chez moi, c’est plus poétique que des paroles chantées en anglais. Ils m’ont amené à apprécier cette musique et, depuis, j’ai commencé à suivre d’autres groupes qui chantent en français.»
- Les cendres de verre sera présenté du 9 au 14 avril, au Cinéma du Parc, à Montréal, et le 20 avril, au Théâtre du Petit-Champlain, à Québec.