Par Benoit Bisson le 8 avril 2011, le buzz.info
Si, dans les nombreux textes déjà écrits sur Les cendres de verre, on nous en parle comme d’un documentaire ou d’un documentaire musical, je n’arrive tout simplement pas à y coller ces étiquettes. Je préfère plutôt y aller d’un néologisme – un document’art: une réalisation cinématographique qui ne se limite pas à documenter le réel, visant plutôt à saisir autant l’essence artistique du sujet que sa réalité.
Les documentaires suivant artistes et groupes musicaux sont légion. Qui n’a pas eu sa dose de coulisses, de confidences avant le show, de coup d’œil indiscrets sur la vie ‘privée’ de l’artiste? S’il y a une chose que l’on ne retrouve pas dans Les cendres de verre, c’est bien cet exercice de voyeurisme pour fan gaga ou un simple rendu d’un spectacle dont on arrive à peu près jamais à saisir l’intensité, trop occupé à tripper sur la technique de tournage que sur le contenu artistique.
Dès la première image, Les cendres de verre prend son envol sur un ton résolument artistique. Difficile effectivement de ne pas avoir La piqûre devant le maelström d’étincelles qui nous fait plonger dans l’univers de Karkwa et, pendant 51 minutes, Nathanael Le Scouarnec dépeint autant l’émotion que le sujet, et c’est ce qui séduit le plus. Nul besoin d’entrevues pour saisir l’atmosphère au sein du groupe. Il suffit d’un regard sur quelques moments de pratique, avant un show, quand on travaille à apprivoiser une toute nouvelle création, ou d’un rappel sur une scène extérieure à Québec. Le thermomètre indiquait peut-être -20 Celsius, mais la chaleur qui se dégage entre le groupe et le public réchauffe amplement l’atmosphère.
"Le jour où il n’y aura plus de sourires entre nous sur le stage, ça va être la clé dans la porte"- Julien Sagot
Et il y a tout le reste: l’intégration de clips vidéo de chansons et surtout, le brillant montage. C’est vraiment là que tout prend vie, dans la façon dont Nathanaël Le Scouarnec (assisté d’Hedwige Dhénain et de Samuel Rozenbaum) a monté le tout. Si la musique de l’album qui était en cours de création au moment du tournage – Les chemins de verre – est le fil conducteur, c’est la réinvention visuelle combinant clips et montages de prestations qui fait oublier l’habituel et nous plonge littéralement au coeur de la musique et, par le fait même, au coeur de Karkwa.
Qu’est-ce que ça donne, au bout du compte? Cinquante-et-une minutes qui s’envolent trop vite, cinquante-et-une minutes où des créateurs d’émotions visuelles et des créateurs d’émotions musicales on su créer un véritable document’art.
Les cendres de verre, produit par Karkwa (producteur délégué Watch Your Steps), une réalisation de Nathanaël Le Scouarnec, prend l’affiche du 9 au 14 avril au Cinéma du Parc.