Quatre priorités dominent le haut de l’agenda de l’administration américaine :
1) l’approbation par le Congrès de l’accord de libre-échange avec la Corée du Sud ;
2) la levée des derniers obstacles qui bloquent les accords commerciaux avec la Colombie et le Panama et leur soumission en urgence à l’approbation du Congrès courant 2011 ;
3) la conclusion des négociations dans le cadre du “Trans-Pacific Partnership” (TPP) pour le Sommet 2011 de l’APEC, selon la proposition du Président Obama ;
4) la poursuite du soutien aux exportations dans le cadre de la “National Export Initiative” (NEI), laquelle vise le doublement des exportations américaines à horizon 2014.
Résolument orientées vers des accords dits de “nouvelle génération”, les négociations commerciales tiennent compte des préoccupations sociales (droit de travail, conditions de travail…), environnementales (émissions de GES…) et nationales (protection des emplois, concurrence équitable, droit de propriété intellectuelle…). En somme, on s’oriente vers des accords plus contraignants pour les partenaires avec davantage de réciprocité commerciale, ce qui s’explique par la proximité entre les Démocrates et les puissants syndicats américains.
A l’évidence, l’offensive américaine est dirigée principalement vers l’Asie. En effet, outre l’accord de libre-échange avec la Corée du Sud, qui générerait une hausse de $11 mds des exportations américaines et près de 60 000 emplois, le Président Obama a fait de la création d’une zone de libre-échange avec les pays membres au TPP (Australie, Brunei, Chili, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam) une priorité pour 2011.
En définitive, l’administration américaine mise de plus en plus sur une stratégie de croissance par les exportations, étant donné la situation économique intérieure et le niveau de chômage. En effet, ces accords de “nouvelle génération” offrent aux entreprises américaines la possibilité d’élargir rapidement l’accès aux marchés étrangers, d’octroyer une meilleure protection aux investissements et de faire tomber progressivement, mais promptement, les dernières barrières non-tarifaires et règlementaires dans les pays émergents.
La multiplication des accords de libre-échange (ALE) a permis à un pays comme les États-Unis, fort du potentiel que représente son marché intérieur, d’imposer ses propres règles de libéralisation des échanges et ce, à moindre coût : une libéralisation sur mesure, en quelque sorte. L’on sait également que les ALE excluent les pays non-membres et détournent les flux des échanges au profit des nouveaux partenaires commerciaux.
Ne s’agit-il pas là d’une façon d’exclure la Chine de l’accès au marché américain ? Ou s’agit-il d’une nouvelle stratégie pour contraindre la Chine à davantage de coopération et de concessions sur le plan multilatéral ?
En effet, les accords bilatéraux on un caractère provisoire, en attendant leur généralisation lors de négociations multilatérales. Si la Chine veut neutraliser cette offensive et continuer à exporter vers le marché américain, elle sera contrainte à des concessions dans le cadre des négociations commerciales de l’OMC.
Face à cette offensive américaine, la stratégie de l’UE face à la Chine reste morcelée et d’une ambiguïté frappante. En effet, entre la course aux grands contrats, lors des visites d’État, la stratégie commerciale de plus en plus bilatéraliste, appelant à la fermeté et à la réciprocité dans les relations commerciales sino-européennes, et une diplomatie européenne errante et à contre sens, l’UE risque de voir son leadership commercial mondial contesté . Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Certes, mais il y a urgence à s’inspirer de la nouvelle politique américaine.