Live report : Bilal @ Le Transbordeur, Festival l’Original de Lyon

Publié le 08 avril 2011 par Nowplaying

Ce fut assez étrange comme concert… Les premiers instants n’étaient pas très rassurants : Bilal débarque sur la petite scène du Transbo (en contrebas à côté du bar) à la recherche de son micro… attendez, où il est… ah oui, là… Micro qu’il saisit d’un geste approximatif. Il n’a pas l’air bien réveillé. Une chose est sûre, la France l’inspire car il porte le même bonnet que le commandant Cousteau. Ses musiciens démarrent (avec une armoire à glace comme bassiste) et Bilal entonne quelques standards de 1st Born Second en errant un peu sur le plateau et interprète même « Something to hold on to » extrait de Love For Sale (son fameux album jamais sorti). Le degré d’ouverture de ses paupières n’excède pas les deux millimètres, son être paraît absent mais la voix est là, la vibe est là, comme une présence spirituelle.

Puis tout d’un coup, sans prévenir, Bilal ouvre les yeux en grand, il se réveille après quinze bonnes minutes de chansons et se met à bouger sur scène en utilisant la puissance de son falsetto avec une aisance remarquable. Je suis scotché. Il est comme habité par sa musique, sa gestuelle semble animée par quelque chose de psychique… et le petit verre d’alcool qu’il sirote entre deux morceaux. Au bout d’un moment il finit par demander qui possède un exemplaire de Airtight’s Revenge et peu de mains (dont la mienne) se lèvent dans l’assemblée clairsemée. Euh… le chanteur a l’air un peu déçu mais peu importe, il démarre  « Cake and Eat It Too », suivi de « Who Are You », « Restart »… avec une énergie incroyable, insoupçonnée. A regarder son T-Shirt japonais, on se dit peut-être ‘nucléaire’. Les morceaux – déjà longs à l’origine – sont rallongés dans ces versions live, avec cette impression que ça s’éternise un peu… Quoi qu’il en soit, bien quelques personnes aient perdu prise à un moment ou un autre, le public demeure très réceptif et applaudit chaudement Bilal après chaque prestations.

Besoin d’un break, la tête d’affiche s’isole dans un coin de la scène avec son guitariste pirate et son choriste au look T-Pain sans les dreads pour fumer un coup (je crois qu’il ne sait pas que c’est interdit normalement de fumer dans les lieux publics) pendant que sa montagne de muscle de bassiste, le claviériste chétif et son batteur (sorte de mini-Questlove) continuent le show en improvisant le temps que Bilal revienne sur la très longue intro de « Sometimes ». Très grand moment ! Probablement le point d’orgue de sa performance scénique. Et dire qu’il lui restait suffisamment de batterie pour continuer avec « Flying », « All Matter », « Think It Over »,… ils a presque joué tout Airtight’s Revenge avec une énergie électrique ponctuée de moments d’absence (somnolence?). On aura eu droit à un rappel, mais c’était quasi obligé, pour qu’il finisse la soirée sur son classique « Soul Sista ».

Ce soir du 7 Avril, j’aurai vu un Bilal bipolaire, tantôt Nusoul, tantôt rockstar, tantôt somnolant, tantôt rugissant. J’ai l’impression d’avoir rêvé ces 90 minutes du concert de Bilal, lui aussi d’ailleurs.

Merci à Chris de Lourdson pour les images