Éditeur : Albin Michel - Date de parution : Avril 2011 - 129 pages vibrantes et magnifiques...
Comment vous parler de ce livre ? Il s’agit d’un des plus beaux hommages qu’il m’ait été permis de lire. L’année dernière, Sylvie Germain a voyagé à bord du transsbérien. Un voyage à travers la Sibérie qui l’a mené jusqu’ Vladivostok. Imprégnée parcette nature, ces terres porteuses d’un passé, variation sibériennes a vu le jour. Premier récit intimiste d’une alchimie rare où elle convie des poètes comme Pasternak , Cendrars ou Madestalm et les esprits qui dorment dans cette terre. Et il s’agit d’une apothéose des mots qui se marie à l’histoire d’une terre, d’un pays. De ce texte où elle parle de sa mère avec sensibilité, l’émotion, la pudeur perlent entre chaque ligne. Eblouie, j’ai lu, j’ai contemplé et je me suis abreuvée de récit respectueux. Respect des morts qui gisent dans ces terres, célébrations de ces peuples disparus et de leurs croyances et de l'hommage porté à sa mère. Tout simplement époustouflant. Dans le second récit Kaléidoscope , elle nous parle de son père. Un homme passionné par les mots, par leur grâce. Fils et petit fils d’horticulteurs des hommes au service de la beauté de la rose. Et ce sont autant de mots qui s’ancrent, distillent toute leur magnificence..Je fais court car la magie et puissance de ce livre sont uniques. A chacun de les apprécier comme il se doit. Le souffle coupé, je remercie Sylvie Germain de m’avoir fait autant vibrer par la beauté de ce livre. Et surtout ne me secouez pas, je suis remplie d’émotions et de larmes… Toi, ma mère, ta chambre funéraire est étroite, sans aucun faste, ton vêtement est simple, et pour tout bijou , tu portes quatre brins de muguet sur la poitrine. La lyre de l’amoureux n’a pas sa place en Sibérie, et il n’est pas besoin de crécelle du lépreux – le cri aigu d’un aigle striant le ciel, le craquement d’un arbre disloqué par le gel, le grondement des fleuves en débâcle, l’écho lointain d’un hululement d’esprit ou de loup errant, d’un chant de femme veillant sur les braises du foyer, suffisent. Ce sont le vent, les bêtes, les fleuves et les forêts qui tiennent la lyre et tournent la crécelle.