Si je qualifie Stephane Gatignon d’un qualificatif peu courtois, j’en ai éminemment conscience (surtout depuis que ce vocable a pris une dimension spécifique depuis Sophie Aram, suivie de près par Didier Porte), c’est que je ne voudrais pas voir ce qualificatif nationalisé par le front national qui en détiendrait seul l’exclusivité. Ce serait trop injuste.
Des cons, il y en a partout. Même à EELV. Un peu moins cons, certes, des petis cons, pas des gros, mais des cons tout de même : les voilà donc prêts à voter pour l’hélicologiste après avoir été communistes et défendu l’idée de la lutte des classes, de l’exploitation du prolétariat, de l’opposition radicale au capitalisme triomphant, tout ça tout ça… ??? Qu’est-ce qui explique ce changement si radical de convictions ? Et ont-ils conscience, tous, que le modèle sociétal de ce genre d’individus s’accomode opportunément de pratiques de green-washing solubles dans le capitalisme, ce qui ne le différencie qu’en apparence, grâce au vernis écologique, des autres candidats, qui ne résolvent en rien la crise profonde du libéralisme dévastateur dont on ne connait que trop bien les méfaits ?
Je me dois donc de réitérer à l’endroit de ce genre d’individus qui seraient tentés d’abuser de la marijuana que mon opposition fondamentale à Monsieur Hulot n’a pas changé d’un iota pour, encore et toujours, les mêmes raisons : celles que j’évoquais dans ce billet. Je vois qu’ils n’ont d’ailleurs pas suivis mon conseil… Ou alors, Nicolas fait ce qu’il veut, dans le dos d’EELV, et roule pour sa pomme, ce qui en dit long sur ses propres valeurs démocratiques et le souci qu’il a de se reposer sur un appareil, quel qu’il soit, tenant là en grand respect leur capacité d’animer le débat démocratique en vue des présidentielles…
Pourquoi m’opposer à ce personnage dont l’aura médiatique et le prestige national auprès de la ménagère de moins de 50 ans pourraient faire la différence ? Justement parce qu’il n’y en pas, de différences, avec ceux qui sont sensés représenter le peuple de France en défendant ses intérêts. Lui, lesquels défendra-t-il quand on sait ce que l’on sait, et dont j’exposais seulement quelques éléments extraits d’un rapport de l’Assemblée Nationale ? je les rappelle ici pour mémoire :
1. « Des liens troubles existent avec les grandes entreprises qui les financent (les associations de protection de l’environnement), voire qui siègent à leur conseil d’administration – certaines directement concernées par les politiques publiques en matière d’environnement. L’identification d’une fondation à un individu accroît le risque de confusion entre intérêt général et action personnelle : les journaux de janvier ont ainsi annoncé puis démenti la démission de Nicolas Hulot de la présidence de la fondation FNH dans la perspective d’une candidature à la prochaine élection présidentielle».
2.«La composition du conseil d’administration de la fondation Nicolas Hulot pose d’autres questions. Trois entreprises y occupent un siège : TF1, EDF et L’Oréal. Ceci ne pose, en soi, aucune difficulté: le mécénat de puissantes sociétés en faveur de l’environnement doit être accueilli comme un moyen supplémentaire d’action. Néanmoins, les activités particulières de ces groupes semblent problématiques sans les dimensions environnementales. EDF est une entreprise de pointe dans le secteur nucléaire. Quant à L’Oréal, elle est classée parmi les groupes de cosmétiques dont les produits font l’objet de tests sur les animaux, au grand désarroi des opposants à la vivisection. Dès lors, comment interpréter, par exemple, la position très mesurée de Nicolas Hulot sur l’énergie nucléaire ? Quel poids donner à sa parole sur les activités principales de ses deux administrateurs, dont vos rapporteurs ont appris que l’un d’eux finance la fondation à hauteur de 10 % de ses ressources?»
Il ne suffit pas de se positionner en grand gourou de la défense de l’environnement, encore faut-il que les actions confirment les discours, et la grande mesure dont fait preuve Nicolas Hulot à propos du nucléaire n’est que l’un des indices qui me laissent supposer qu’il n’a guère l’intention de proposer une rupture, dont notre époque a pourtant éminemment besoin, avec le monde tel qu’on le connaît, ce culte de l’argent roi qui motive en trop grande proportion toute analyse et parasite toutes les orientations politiques. Sa trop grande proximité avec l’oligarchie produira la même coupure avec la « France d’en bas » que les autres… Sans même lui faire le procès de conflits d’intérêts avec les sociétés qui financent la FNH, comme TF1, EDF et L’Oréal, il me suffira d’évoquer ici la manière dont il a géré sa fondation, qui n’a rien à envier aux grandes entreprises… hormis le fait qu’elles n’auraient guère pu, elles, supporter des frais de gestion avoisinant les 50 % sans engager leur viabilité à très court terme…
Mais encore faudrait-il qu’il s’exprime plus clairement sur le sujet, comme il le fait plus volontiers pour des questions environnementales dont je ne lui conteste pas la maîtrise, et qu’il nous livre sa vision du projet économique éventuellement alternatif qui serait le sien… Idem pour les autres domaines qui échappent pour l’heure à ses champs de compétence pour le peu que j’en sache. Ainsi, le social, cher à mon cœur.
D’aucuns vont jusqu’à lui faire grief de son manque d’expérience de l’action politique, mais je ne serai pas quant à moi de ceux là dans la mesure où je serais malvenu de contester quelque chose contre quoi je me suis toujours battu : la professionnalisation et la technocratisation du personnel politique… Même s’il est incontestable que le fait de connaître avec proximité des réseaux ministériels peut éventuellement contribuer à se montrer plus efficace par la suite, afin de ne pas perdre de temps ( il nous est compté…) ou commettre de trop grossières erreurs.
On l’aura donc compris : pour moi, Hulot est un mauvais candidat. Et j’espère ne pas avoir à y revenir.