Les assassins - Alain GILLOT (manuscrit)

Par Liliba

08 avril 2011

J'ai lu ce manuscrit dans le cadre d'un partenariat avec Libfly et Les éditions du public. Vous pouvez retrouver sur Libfly un forum sur lequel interviendront les personnes qui ont également lu ce roman.

  

Ce manuscrit nous emmène dans l’univers des terroristes islamistes et j’avoue que cela m’a passionnée, tant la peur nous tient au ventre dès qu’on évoque ce sujet et qu’on se remémore les abominables images du 11 septembre.

Nous sommes en 2009 et une cellule des services de renseignements parisiens vient d’avoir une information comme quoi de nouveaux attentats seraient en préparation, et notamment sur Paris, avec la date symbolique du 11 septembre.

Le narrateur et 4 de ses amis sont plongés dans cette affaire. Deux d’entre eux vont se rendre au Pakistan et dans plusieurs pays pour remonter la source de cette information et tenter d’en savoir un peu plus, un sous la couverture de journaliste, et l’autre comme marchand d’art, métiers qu’ils exercent effectivement.

Les bruits se confirment, une source leur permet de découvrir la cachette des hommes en entrainement et grâce à des forces spéciales déployées (et de très nombreux moyens techniques) ils parviennent à envoyer une puce mouchard dans le cou du chef présumé de l’opération, qu’ils vont pouvoir ensuite suivre à la trace.

Les voici donc ensuite à Paris où ils localisent un par un les terroristes qui se terrent dans différentes mosquées de la banlieue ouest. Les cibles sont identifiées, ce sera les 5 grandes gares de Paris. Un vol de matériel de téléphonie du dernier cri les met à la suite des autres membres du gang, mais ils découvrent bien vite que la piste des attentats sur les gares semble être un leurre et qu’il y aurait d’autres attentats en préparation…

Le sujet est donc passionnant et j’ai tourné les pages de ce manuscrit avec l’envie d’en savoir plus. Les 4 amis et tous les services secrets français pourront-ils déjouer ces doubles attentats et arrêter les complices avant, en évitant un bain de sang ?

Mais…

Il y a un mais car une chose m’a en effet énormément dérangée et perturbée pendant ma lecture. On m’avait dit qu’il n’était pas nécessaire de lire la longue introduction de l’auteur, aussi ai-je commencé directement au premier chapitre. Sauf qu’on en sait tellement peu sur les protagonistes de l’affaire, et notamment sur cette équipe des 5 français, dont le narrateur, que j’étais totalement perdue. Je suis donc retournée en arrière lire cette fameuse introduction dans laquelle on en apprend un peu plus sur les liens qui les relient, mais pas tant que ça, et sur le pourquoi de leur implication. Il me semble en effet étrange que ces hommes qui ne sont pas affectés aux services secrets soient d’emblée en connaissance de secrets d’état… C’est peut-être possible, mais en tout cas pas assez bien expliqué.

L’action est décrite pas à pas, avec quelques sauts dans le temps, car le narrateur insère dans le fil de l’histoire des évènements dont il a eu connaissance ensuite, mais je n’ai trouvé dans ce livre aucune âme, aucun sentiment. On a l’impression de lire un documentaire, certes passionnant, mais comme il n’y a pas vraiment de personnage principal, et comme on n’a quasiment aucune information sur la psychologie des personnages, leurs sentiments, leur vie, on ne ressent rien… Dommage ! Je pense que cela pourrait faire un très bon roman si justement il y avait une part de romanesque dans cette histoire (pas besoin d’histoire d’amour torride, mais juste de développer les histoires des protagonistes, par exemple).

Quelques « piques » m’ont fait sourire : contre Olivier Besancenot, José Bové, Martine Aubry et d’autres (p. 286) et on a l’impression que l’auteur règle au passage quelques comptes… Je ne crois pas que cela soit vraiment nécessaire au déroulement des faits. J’ai également tiqué lors du discours de Abdulh, quand il explique pourquoi il combat et quelles sont ses motivations : un peu cliché à mon idée, mais j’avoue n’avoir que des connaissances très limitées sur le sujet.

D’autre part, je sais que le  « roman », si on peut l’appeler ainsi, en est encore au stade du manuscrit, mais à mon avis, il conviendra d’y apporter plusieurs corrections. Le style de l’auteur est factuel, on l’a dit, et cela va assez bien avec les évènements narrés, mais ses phrases sont souvent trop longues et méritent d’être coupées en deux, voire en trois pour une plus grande facilité de lecture : n’oublions pas que nous ne sommes pas du tout dans un récit littéraire. Il y a un gros travail à apporter également sur la ponctuation, ainsi que sur de nombreuses fautes de grammaire, d’orthographe ou de style. J’ai dû m’empêcher de prendre mon style rouge, mais sinon, j’aurais mis un temps fou à lire et cela m’aurait semblé être du travail…

Bref, en l’état actuel de ce manuscrit, je ne le recommanderai pas. Le fond est vraiment intéressant, mais à mon avis, il mériterait d’être retravaillé. L’auteur s’efforce d’être dans le concret et insère dans son récit les personnalités réelles de la vie française : Claude Guéant, le président Sarkozy et bon nombre de conseillers de l’Elysée, à tel point que je me suis demandé à un moment si cela n’était pas tout simplement un récit de faits qui se seraient réellement déroulés. Je n’ai malheureusement pas le temps d’effectuer des recherches sur internet.

Je serais très intéressée pour en savoir plus et discuter avec l’auteur : est-ce une fiction ? S’est-il inspiré de faits réels ? Quelle est la part de documentation dans le récit ?

Posté par liliba à 08:00 - J'ai lu, je n'ai pas aimé - Commentaires [4] - Rétroliens [0] - Permalien [#]
Tags : mort, Moyen Orient, suspence
  • L'homme de Kaboul - Cédric BANNEL
  • Marcq ou crève - Philippe GOVART
  • La commissaire n'a point l'esprit club - Georges FLIPO
  • A minuit, les chiens cessent d'aboyer - Michaël MOSLONKA
  • Petits meurtres entre voisins