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Journaliste en Syrie #2 l’Internet

Publié le 07 avril 2011 par Jujusete

Billet écrit à Damas, le 2 avril, impubliable depuis la Syrie pour des raisons de sécurité. Je vous parlais dans un précédent billet des coups de fil surveillés, état d’urgence oblige.

Pour l’Internet, c’est pareil


Lorsque je suis arrivée, Simon, un Australien qui fait le même métier que moi, m’a semblé totalement parano. Il me faisait changer de cyber : un pour ouvrir ses mails persos, un autre pou ouvrir ses mails pros, jamais au même endroit.

Le premier soir, j’ai eu au téléphone un autre journaliste français avec qui l’ai travaillé par la suite : fais gaffe à ton nom, n’envoie rien d’une adresse perso, etc…

J’ai donc nettoyé mon twitter, ma page couchsurfing, pour que ma profession n’y apparaisse plus.

Ce français que j’ai rencontré sur place a eu trois boites mail professionnelles grillées en quatre jours. Des SMS, envoyés depuis son téléphone français ont été interceptés.

De mon côté, ma boite gmail Alex June, a aussi été visée par les services, je ne peux plus m’y connecter. D’une autre adresse pro, impossible d’envoyer des fichiers audio, dont la taille est pourtant inférieure à celle autorisée.

On utilise un proxy, bien entendu, mais les chats sont malins et les souris sont aux aguets. Il faut donc sans cesse changer d’endroit, de connexion.

A vrai dire, c’est fatiguant

Je ne pensais pas que cela irait aussi vite. Une fois le journaliste identifié, chaque adresse créée est une adresse qui ne tiendra pas longtemps.

Il faut aussi surveiller ce que l’on écrit dans ses mails persos, on ne peut jamais trop en dire.

Bienvenu dans un mode où la censure est poussée à son maximum.

Alors que j’écris ces lignes, je reçois un SMS « Je trace – mauvais sine ici. De retour dans qq jours. Te tiendrai au courant force et honneur »

Le journaliste français avec qui j’ai passé une journée entière à pister des manifestants et qui, ayant vécu une année ici, m’a appris des tonnes de choses sur le pays, les villes, les différentes confessions, part « officiellement » pour Pétra. La veille, il avait envoyé un papier à l’Express.

Moi je reste.

Et j’ai perdu la seule personne avec qui je pouvais ouvertement parler de mon boulot, aller sur le terrain et échanger des infos


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