N'est pas brucknérien qui veut...

Arte retransmet chaque dimanche une symphonie d'Anton Bruckner, dirigée par Daniel Barenboim à la tête du Staatskapelle de Berlin. Le prestige du chef et la qualité indéniable de son orchestre ne suffisent pas pour qu'ils puissent décréter rejoindre le cercle restreint des serviteurs émérites des symphonies de Bruckner.

Daniel Barenboim ne parvient pas, d'une part, à révéler tous le mystère brucknérien, d'autre part à apporter une lecture que l'on attend toujours personnelle sur ce type d'oeuvre. Wand déploie une énergie qui vous tétanise avec une alchimie sidérante mêlant la transparence et le tellurisme le plus affirmé, Harnoncourt apporte une noirceur presque métaphysique, Herreweghe inscrit une plasticité qui apporte vraiment un éclairage nouveau, Celidibach, un tempo allongé et un vértable accent sur la part de mysticisme de ces symphonies, Gielen des phrasés incisif, tranchants, Blomstedt (pour ce que j'en ai entendu), une synthèse étonnante entre Herreweghe et Gielen. Daniel Barenboim ? J'avoue ne pas savoir. Il donne en outre l'impression extrêmement désagréable de "s'écouter" diriger et je me prends à le suspecter d'un narcissisme particulièrement inapproprié sur ce répertoire.

Cela devient vraiment pénible de constater ces investissements médiatiques sur des interprètes, sous prétexte qu'ils sont tout à fait prestigieux, et c'est le cas de Daniel Barenboim qui est l'un des plus grands musiciens des trois dernières décennies, lorsqu'il s'investissent sur un répertoire où ils n'ont visiblement rien à apporter. Pendant ce temps, d'autres musiciens, moins générateurs d'audience, produisent des miracles dans la plus grand indifférence médiatique.

Je vous laisse vous faire votre avis sur la fameuse 4ème. Pour ma part, cela ne me fait ni chaud ni froid...