On peut arriver à l’échelle d’un pays à une consommation 4 à 10 fois plus basse qu’aujourd’hui en faisant des trucs tout bêtes comme améliorer l’isolation thermique et l’architecture de nos bâtiments, remplacer nos vieux chauffages électriques par des systèmes fonctionnant avec le renouvelable, fabriquer des véhicules moins gourmands en énergie. On peut aussi empêcher les pertes d’énergies lorsqu’on convertie et transmet cette énergie.
Comment ? En décentralisant les réseaux électriques et en étendant l’utilisation de la cogénération (qui produit simultanément chaleur et électricité en utilisant un seul et même carburant dans une installation se trouvant au plus près des consommateurs, le tout minimisant les pertes en recouvrant la chaleur qui serait normalement perdue dans un générateur électrique et en économisant également le carburant qui pourra être réutilisé). Les systèmes de chauffages et de refroidissements capables d’utiliser la cogénération sont les collecteurs solaires (solaire thermique), la biomasse, le biogaz, et l’énergie géothermique qui pourront se substituer à terme aux systèmes de chauffages et de refroidissements à base d’énergies fossiles.
Par rapport à la gestion de notre réseau électrique européen, il y a également beaucoup d’efforts à faire car plus de la moitié des centrales électriques dans l’Union Européenne ont plus de 20 ans ! C’est pour cela qu’il faut réfléchir dès maintenant à ce que nous allons faire pour renouveler ce gigantesque chantier. Et la seule solution pour ne pas aggraver l’emballement climatique demeure le renouvelable et l’abandon progressif du nucléaire d’ici 2050qui est une fausse solution contre le dérèglement climatique.
Mis à part le risque d’accident nucléaire comme à Tchernobyl ou actuellement à Fukushima, le problème éternel du recyclage des déchets nucléaires, la possibilité d’un attentat terroriste contre au moins une centrale, l’utilisation hypocrite et assez scandaleuse de l’uranium pour perpétuer la prolifération des armes nucléaires (en faisant passer maintenant ces armes pour de l’uranium appauvri pour contourner le fameux traité anti-prolifération), le nucléaire émettra toujours peu de GES par rapport au pétrole et au charbon. Admettons qu’on relance le nucléaire d’ici 2030 à l’échelle mondiale. On multiplierait par 3 le nombre de centrales dans le monde et avec un investissement astronomique de 780 milliards d’Euros….on ne réussirait qu’à réduire de 9% nos émissions de CO2.
Où se trouve l’efficacité énergétique ? Elle n’existe pas (d’autant plus qu’on épuiserait les réserves mondiales d’uranium dès 2030, vive la soi-disant énergie non-fossile) ! Le souci, c’est qu’aujourd’hui l’industrie nucléaire cannibalise la quasi-totalité des budgets recherche et développement accordés à l’énergie. Du coup, il n’y a quasiment pas de recherche sur les énergies renouvelables alors que ce sont les énergies de demain.
L’idée de piéger le CO2 et de le stocker sous la mer ou dans la terre peut sembler séduisante à première vue, mais il existe encore beaucoup de problèmes dans cette nouvelle technique. Primo, selon les scientifiques, le procédé ne pourra être au point qu’en 2050 (donc après la bataille contre le réchauffement climatique). Deuxio, cette technologie coûte extrêmement chère. Tertio, cela engendrera de gros impacts sur l’environnement puisque cela nuira à de nombreux écosystèmes situés à proximité des zones de stockage, et cela accélérera l’acidification de nos océans. Donc ce n’est clairement pas une bonne solution puisqu’elle ne fait que perpétuer notre dépendance aux énergies fossiles tout en se donnant bonne conscience afin de continuer à polluer davantage.
Une des solutions de ce rapport intitulé « Révolution énergétique » est de sauver les forêts afin de sauver le climat…car aujourd’hui, près de 20% de nos émissions de GES sont imputables à la destruction des forêts tropicales humides et en particulier des forêts primaires. Il s’agit de la deuxième cause du changement climatique en cours. Véritables poumons de la planète, elles stockent à elles seules la moitié du carbone terrestre. Tous les 2 ans, c’est environ 2 millions d’hectares qui partent en fumée en Amazonie, tout ça pour planter du soja (souvent OGM) et élever du bétail. En Afrique centrale, et notamment dans les forêts du bassin du Congo, l’exploitation illégale du bois risque de libérer 34.4 milliards de tonnes de CO2 d’ici 2050 si l’on n’arrête pas cette surexploitation.En Indonésie, le développement accéléré des agrocarburants à base notamment d’huile de palme a déjà détruit 40% de la forêt indonésienne. Sans compter la faune et la flore qui y sont massacrés, les populations autochtones qui y sont chassées. Il faut arrêter cette folie ! Et si vous n’êtes toujours pas convaincu, lisez le témoignage poignant de la primatologue Emmanuelle Grundmann intitulé « Ces forêts qu’on assassine ».
Au lieu de dépenser inutilement son temps et son énergie à essayer de donner une image plus écolo à des sources d’énergies dangereuses et polluantes, nos politiciens devraient adopter d’urgence des plans d’efficacité énergétique qui feraient d’ailleurs de très bons plans de relance économique en terme de créations d’emplois. Cette ambition est tout à fait réalisable, et c’est pourquoi je crois en l’utilisation d’énergies renouvelables sans nucléaire, sans captation de CO2, et sans agrocarburants. Prenez donc à la révolution énergétique !