Je ne sais pas vous si vous vous souvenez de l’affaire des caricatures du prophète qui a été pour beaucoup la preuve que l’islam était une religion extrémiste très sclérosée et n’ayant pas le recul nécessaire à l’humour ou à la réappropriation de certains de ses symboles par des non croyants ou par des artistes.
J’ai souvenir d’avoir entendu le tollé à l’époque d’une frange peu modérée des catholiques prendre parti pour les artistes injustement agressés, en expliquant qu’il fallait de tout pour faire un monde, que la tolérance passait par l’acceptation d’un regard parfois un peu sévère ou caricatural. Et utiliser ni peu ni assez l’argument selon lequel et bien ces extrémistes montraient là le vrai visage de leur croyance et tentant ainsi de créer un amalgame entre les quelques religieux et la majorité des croyants qui ne semblaient pas choqués outre mesure.
Si je vous parle de ça c’est parce qu’en ce moment une exposition en Avignon fait ressurgir la même colère religieuse envers une photographie, mais là où c’est notable c’est que ce sont des catholiques qui sont dans le rôle des défenseurs du religieux et contre le blasphème. La photographie est une photographie datant de 1987 nommée « Piss Christ » et représentant une petite croix du Christ en plastique plongée dans un bain d’urine. Je ne juge pas le bien-fondé de la démarche ou l’aspect artistique ou pas de ce cliché du photographe Andres Serrano, ce qui me parait important dans cette affaire c’est qu’un groupe d’extrémistes catholiques mette en place une pétition pour faire retirer la photographie en question.
Certes ici point de menaces violentes, ni même de menace de mort, mais pour autant une tentative de créer un précédent et surtout d’utiliser le calendrier religieux avec la prochaine fête de Pâques pour tenter d’avoir plus de poids et de faire céder les responsables de l’exposition. Ces personnes ne dissocient pas l’objet de son symbole religieux, et tentent de nous faire croire que cette photographie est une insulte envers les croyants. Hors si on regarde la photo sans avoir la moindre espèce d’idée de ce dans quoi est plongée la croix, on peut imaginer ce qu’on veut, certes le liquide est ambré, mais cela pourrait être du champagne et donc une forme de jugement du luxe et de la luxure, ce pourrait être une photographie faite dans un grand fond ou dans une rivière dont la couleur naturelle à cause des pigments ou des particules en suspension serait celle-là. Mais c’est de l’urine.
Le religieux, le sacré est-il quelque chose d’intouchable, d’inattaquable ? Le rendre ainsi serait lui reconnaitre une vérité absolue, serait lui donner une importance majeure. Hors on le sait par l’histoire, de nombreux « hérétiques » se sont battus contre les vérités de l’église pour finalement se révéler être dans le vrai là ou l’église était dans le faux. Que l’on soit religieux ou pas, que l’on soit croyant ou pas, on ne peut nier à l’individu le droit de montrer du respect ou pas pour ce qu’il pense respectable ou pas. Et je ne pense pas que l’on puisse juger chaque personne ayant ses propres valeurs. Je pense que le religieux qui est détourné, intégré, parodié, est aussi digéré plus fortement par l’ensemble des gens et finalement qu’il devient une composante de ce mélange qui fait une société, alors que si on le rend imperméable, qu’on l’enferme dans une vitrine on finira par le rendre hermétique, mais c’est peut-être le but avoué de ces gens qui confondent souvent mysticisme et religion…
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