La polémique autour de Bertrand Cantat fait rage au Québec. Le sujet de la discorde? La venue à Montréal du chanteur de Noir Désir, condamné pour l’homicide involontaire de l'actrice Marie Trintignant- afin de participer artistiquement à La trilogie des femmes, adaptation de l'oeuvre de Sophocle par Wajdi Mouawad. Dans la tourmente et face aux vives critiques qui lui sont adressées, le Théâtre du Nouveau Monde préfère garder le silence. En revanche, l’opinion publique ne cache pas son mécontentement.
Le monde politique en émoi
Car, le débat s’est propagé jusqu’à la scène politique, s’invitant à l’Assemblée Nationale où le chef du parti de l’opposition a déclaré : "Pour nous, c’est clair, Bertrand Cantat n’est pas le bienvenu au Québec". Une récupération politique (franchement limite) par les conservateurs, qui promettent de ne pas laisser le chanteur entrer sur le territoire. Pour eux, la loi canadienne est claire sur ce sujet : Cantat est interdit de séjour car reconnu coupable d’une infraction punissable ici de la prison à vie. Yves-François Blanchet du Parti québécois, lui, déclare dans Le Devoir : « M. Cantat a purgé une sentence dans un État de droit. On ne lui refera pas un procès ici »
Et qu’en pensent les femmes ?
Choquée, la présidente du Conseil du statut de la femme, Christine Pelchat, a déclaré au Devoir que cela "banaliserait la violence faite aux femmes, comme si ce n'était pas grave ce qu'il a fait" Cet organisme gouvernemental se bat, depuis 1973, pour défendre les droits des Québécoises.
Plus tard, sur CHOI, station de radio, Josée Verner la ministre conservatrice responsable de la région de Québec déclare « Comme femme, la pilule est dure à passer. (…) On avait besoin de ça comme d'un trou de balle dans la tête ! »
Débat houleux, entre récupération politique et malaise général qui, s’il provoque contestations et réflexions autant autour de la réhabilitation, que sur un matraquage médiatique maintenant gigantesque- garantit avant tout une bonne pub pour le metteur en scène de la pièce de théâtre dont est tiré le film Incendies.
Dramaturge qui aime avant tout la provoc’ ! Comme le prouve cette déclaration que l'on trouve à l'entrée de son site : "Un artiste est un scarabée qui trouve, dans les excréments mêmes de la société, les aliments nécessaires pour produire les œuvres qui fascinent et bouleversent ses semblables. L’artiste, tel un scarabée, se nourrit de la merde du monde pour lequel il œuvre, et de cette nourriture abjecte il parvient, parfois, à faire jaillir la beauté."