De l'intervention militaire en Lybie (2)

Publié le 08 avril 2011 par Isaac_paris
La preuve étant faite que le Blog d’Isaac est le repère de dangereux gauchistes (voir sondage sur les présidentielles), relayons ici un petit texte d’Alain Badiou lu dans la rubrique « Rebonds » de Libé la semaine dernière. Il faut soigner son public.
L’article, titré « un monde de bandits, dialogue philosophique », prend pour sujet l’intervention internationale en Lybie et choisit une grille de lecture très stimulante (ce que la rédaction du Blog d’Isaac avait proposé de faire ici également).
Le postulat de départ, est qu’une personne qui n’existe que pour son profit personnel, quitte à « liquider son ami de la veille s’il s’agit de garder ou augmenter son train de vie » est un bandit. Et notre monde régi par le principe du profit est donc un monde de bandits.
La suite du texte propose ainsi de lire les évènements actuels d’Afrique comme un bon film de bandits : les peuples se rassemblent pacifiquement pour dire que ceux qui les dirigent depuis des décennies sont des bandits. Le problème est que ces petits caïds ont été installés et soutenus par des parrains occidentaux pour protéger leurs intérêts. Les tueurs ne suffisent pas à faire taire cette foule qui dénonce un système local, et remet en cause à travers celui-ci une organisation mondiale. Problème pour les parrains qui pourraient bien en faire les frais si cette vérité venait à faire tâche d’huile.
Alors les parrains trouvent un truc : ils mettent en scène le retournement d’un des petits caïds pour reprendre la main, reprendre pieds dans ces territoires qui vivaient leurs révolutions sans eux, démontrer leur force, se draper soudainement de la pureté des bonnes causes, et finalement redorer le blason de l’organisation mondiale qu’ils défendent à coups de bombes. Ça décape.
Le final est tout aussi remuant : pourquoi l’opinion publique approuve-t-elle aussi largement une expédition de cette sorte ? Parce qu’il est plus rassurant de voir ces conflits résolus par les organisations issues du système dans lequel nous baignons (le profit avant tout) que par des foules anonymes qui le dénoncent. Ne sommes nous pas tous corrompus à la manière du slogan « mon train de vie d’abord » ?
Allez, je vais lire le programme du PS !
df.