Des concentrations plus élevées du virus du sida dans les sécrétions génitales sont liées à un risque accru de transmission hétérosexuelle. Ce facteur est indépendant de la concentration sanguine du virus, précisent ces conclusions présentées dans l'édition du 7 avril de la revue Science Translational Medicine, une publication de American Association for the Advancement of Science (AAAS). Ce résultat de 20 années de recherches permettra, entre autres avancées, de contribuer de manière importante au développement de nouveaux virucides.
Les résultats de cette étude donnent un aperçu sur la biologie de la propagation de l'infection et permettront de proposer de nouvelles stratégies de recherche pour la prévention. Car il s'agit de la première étude à évaluer directement la relation entre les concentrations génitales du VIH-1 et le risque de transmission hétérosexuelle. Les chercheurs ont démontré que des niveaux élevés de VIH dans des prélèvements de mucus du col de l'utérus ou dans le sperme de l'homme prédit un risque élevé de transmission du VIH à un partenaire du sexe opposé.
"Ces résultats valident plus de 20 années de recherche et des dizaines d'études mesurant le lien entre les niveaux de VIH dans les organes génitaux et le potentiel d'infectiosité du VIH», explique l'auteur principal, le Dr Jared Baeten, professeur adjoint de santé mondiale et de médecine à l'Université de Washington à Seattle. Comprendre la relation entre la reproduction du virus dans le tractus génital et le risque de sa transmission à d'autres personnes, expliquent les chercheurs, est essentiel pour cerner les mécanismes biologiques sous-jacents de la propagation du virus d'une personne à une autre pendant une relation sexuelle.
Cette recherche propose également de nouvelles stratégies pour rendre une personne VIH-1 positive moins infectieuse pour ses partenaires sexuels. Les résultats, ajoutent le Pr. Baeten, suggèrent que le VIH-1 dans les sécrétions génitales pourrait être utilisé comme un marqueur d'infectivité dans les études visant à développer de nouvelles technologies de prévention du VIH. Les recherches sur les microbicides pourront peut-être utiliser le taux de VIH des organes génitaux comme un marqueur de l'efficacité du blocage la transmission du virus à une autre personne.
L'étude est issue d'un travail collaboratif de 14 sites situés dans 7 pays africains portant sur 2.521 couples africains, ce qui en fait à ce jour la plus importante étude sur les taux de VIH des organes génitaux. Au début de l'étude, un membre au sein de chaque couple était infecté par le VIH alors que son ou sa partenaire ne l'était pas. Les chercheurs ont étudié des échantillons du col utérin de 1.805 femmes, dont 46 qui ont transmis le VIH à leur partenaire au cours de l'étude, et des échantillons de sperme de 716 hommes, dont 32 qui ont finalement transmis le virus à leur partenaire. Les études génomiques du virus ont confirmé qu'il a été transmis entre les partenaires de l'étude, et non pas par d'autres partenaires.
Plus le niveau de concentration du VIH est élevé dans les sécrétions génitales, plus infectieux est le sujet et le risque de transmission augmente de façon exponentielle sur une échelle logarithmique. Chaque augmentation de 1log10 de la concentration génitale du virus a été associée à une augmentation de 2,2 fois du risque de transmission d'une femme à un homme, et à une augmentation de 1,75 fois du risque de transmission d'un homme à une femme.
Source:University of Washington, NIH, Science Translational Medicine via Eurekalert “Amount of AIDS virus in genital secretions predicts risk of heterosexual transmission”
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