L'occasion pour lui de proposer une résolution qui souligne l'urgence à donner des « revenus équitables pour les agriculteurs », sur fond « d'approvisionnement alimentaire plus performant en Europe ».
« Une partie de la flambée des prix des matières premières agricoles a lieu à cause de la spéculation et pas uniquement à cause des incendies qui ont eu lieu en Russie comme certains le prétendent » ! s'exclame José Bové, venu à Rennes le mois dernier pour présenter son rapport visant à proposer des revenus plus justes, plus équitables, notamment pour les petits producteurs. Pour lui, c'est clair, « il faut au plus vite interdire la spéculation sur les matières premières agricoles » et « réorienter la Politique agricole commune (PAC)».
C'est précisément ce qui explique pourquoi José Bové a soutenu la feuille de route de Dacian Ciolos, le commissaire européen à l'agriculture. Pour José Bové, il est clair que les aides de la PAC doivent évoluer, être plafonnées en prenant en compte les actifs agricoles dans la répartition des aides et que des aides spécifiques doivent être débloquées pour les petites fermes, qui représentent plus de 12 millions d'agriculteurs en Europe.
Vers un développement territorial
« Outre la reconquête de la culture sur nos territoires, le développement rural est l'autre volet majeur de la PAC », poursuit le militant syndicaliste, désormais député européen. « En Allemagne, constate-t-il, là où le récent scandale sur la dioxine a eu lieu, de nombreuses pertes de populations sont observées sur le terrain, notamment en raison des pollutions nombreuses dans ces campagnes », cause probable d'un important exode rural outre-Rhin.
Preuve selon l'altermondialiste que « l'argent du développement rural nuit au développement local ! Comme en basse Saxe où sont produits 27 000 poulets par heure par le biais de 500 poulailliers financées actuellement dans le cadre du deuxième pilier de la PAC qui finance ce "développement rural" à hauteur de 6 millions d'euros ! ».
Comme le souligne le député européen Yannick Jadot, venu accompagner José Bové, "Depuis les émeutes de la faim, deux se font face : d'un côté celui qui invite la France et l'UE à poursuivre sa vocation exportatrice dans un souci de nourrir la population mondiale, avec les risques que l'on connaît en matière de sécurité alimentaire, de dépendance alimentaire pour les pays du Sud et de risque écologique notamment en matière de déforestation et de pesticides. Et de l'autre, celui que nous proposons, plus axé sur des systèmes herbagers, des circuits courts, un aménagement du territoire durable, pour soutenir une agriculture paysanne en Europe."
De quoi poser les jalons d'un débat qui s'annonce houleux entre réformistes et conservateurs de la Politique agricole commune...
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Un article réalisé par Julien Dézécot pour notre partenaire Bretagne Durable, www.bretagne-durable.info