Le produit "vert" a la cotte et rapporte de plus en plus gros. C'est ce que confirme la dernière étude sur la consommation responsable de MesCoursesPourLaPlanète, parue jeudi dernier.
Les principaux bénéficiaires de cette poussée du bio ? Encore une fois, les grandes surfaces. On constate en effet qu'elles réalisent 46 % du chiffre d'affaire total des produits bio. Les grandes enseignes valorisent la proximité et partent à la conquête de nouveaux consommateurs avec un argument de taille : l'accessibilité des prix. Sans contrepartie ?
Dans un rapport publié en juillet 2010, la Fédération nationale de l'agriculture bio (Fnab) donnait l'alerte : " L'enseigne Auchan a lancé l'offensive en proposant depuis mai dernier 50 aliments bio à moins d'un euro (...) Les enseignes qui lancent la guerre des prix du bio sans autre forme de considération pour les enjeux économiques, environnementaux et sociaux d'une telle stratégie, portent une responsabilité importante dans la fragilisation de la filière dans son ensemble. " On peut effectivement craindre que la grande distribution n'impose à l'agriculture biologique les normes et le modèle de développement qu'elle a réussi à imposer à l'agriculture conventionnelle. C'est dans un sens déjà le cas, les produits bios importés se multipliant dans les étals... Plus que jamais, il s'agit donc de privilégier le local et les petits commerces, gages de durabilité.
Lire : Produits bio importés : faut-il les boycotter ?
Mais à la lecture de ce rapport, le consomm'acteur pourra au moins se réjouir d'une chose : il a désormais le choix. Entre 2008 et 2010, 1595 nouveaux produits alimentaires et boissons ont été lancés sur le marché français en surfant sur un créneau environnemental et éthique. C'est cinq fois plus que sur la période 2005-2007. Les produits alimentaires bio ont ainsi rapporté 3,3 milliards d'euros en 2010, 10 % de plus qu'en 2009, et les produits cosmétiques bio 270 millions en 2009 (dernier chiffre disponible). Ce sont surtout les boissons type jus ou alcool (on voit fleurir les vins et cidres bios sur le marché !) qui font grimper les chiffres avec +26% par rapport à 2009. La majeure partie des " ventes écolos " concerne cependant les fruits et légumes.
Les produits équitables tirent aussi leur épingle du jeu avec un gain de 15% pour le label Fair Trade/Max Havelaar entre 2008 et 2009 et un chiffre d'affaires de 287 millions d'euros. Aujourd'hui un tiers des foyers consomment de l'équitable, peut-on lire dans le rapport. Toutefois, on remarque une nuance importante : ces foyers effectuent en moyenne 4 achats équitables par an et dépensent 15,9 euros au nom de l'équitable. Un chiffre peu probant, qui souligne les progrès qu'il reste à accomplir. A partir de quel seuil devient-on un consommateur responsable ?
De plus, comme le rappelle justement cette étude, la mesure de la consommation durable ne se limite pas aux denrées périssables et autres produits d'entretien. Il s'agit également de l'utilisation d'énergies renouvelables, de l'équipement ménager (ampoules à basse consommation, recyclage), des services utilisés (transports, investissement responsable).
On apprend ainsi dans cette même étude que les ménages s'entourent d'appareils moins gourmands en énergie. 44,6% des réfrigérateurs et 41,1% des lave-linges achetés en 2010 étaient de classes A+ et A++. Moins de gaspillage énergétique... Et une énergie plus verte puisque 13% de l'énergie consommée vient aujourd'hui du renouvelable. Il reste toutefois encore bien des efforts à fournir pour atteindre l'objectif de 20% à l'horizon 2020, fixé par le Grenelle.
Si on s'intéresse au tourisme, 250 000 Français seraient partis avec un opérateur certifié tourisme durable en 2010 soit une hausse de 25 % par rapport à l'an dernier.
Les investissements responsables sont également de plus en plus fréquents. Les épargnants plus que jamais, veulent savoir à qui profite les taux d'intérêts.
Pou aller encore plus loin dans la démarche écolo, on constate que quelques 50 000 foyers adhéraient en 2010 à des associations pour le maintien de l'agriculture paysanne (plus connues sous le diminutifs d'AMAP). Ces dernières ont ainsi réalisé 36 millions d'euros de chiffre d'affaires. Après le bio, le local séduit donc de plus en plus de consommateurs.
Pour consulter le rapport sur la consommation durable : http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20110329/1500407_e881_rapportweb.pdf
Alicia Muñoz
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